Un décor au temps
UN DÉCOR AU TEMPS
Peau de chagrin
d’une planète à partager
îlot résistant
sur la terre des vivants
petit jardin aux merveilles
Quelques fêlures de bleu dans la masse nuageuse. Fraîcheur.
Brosser le décor du temps, c’est important. Savoir où se portent nos yeux.
Au jardin d’à côté, cependant, plus rien à regarder. Ils ont emporté même la terre des plates-bandes.
Les oiseaux sont loin ce matin. Me concentrer sur cet air de flûte bravant la cacophonie ambiante : débroussailleuses, masses, moteurs et pétarades.
Mon jardinet seul îlot de verdure, de résistance. Mon âme navrée de ces jardins urbains qui disparaissent. Manapany ! Manapany ! Ton nom sonne le glas, le tocsin : Alerte !
Là-bas, toute la végétation est saccagée pour la gloire d’un hôtel — piscine en bord de mer, le chic du chic ! — d’un casino.
Le nouveau voisin n’a pas besoin de vert, j’ai quatre voitures, vous comprenez…
Les oiseaux sont revenus sur leur portée de fils, face au gris.
Ah ! Le jardin sous la pluie, hier soir, ruisselant de lumières, chaque goutte réfractant un rayon à sa manière. Et la lune croisée, le temps d’un bref croissant.
Je rêve de plantations.
« Passe encore de bâtir mais planter à cet âge… ». Serai-je plus folle que mon voisin ?
Un peu plus de béton
séquelle
de nouveau voisin
(16 avril 2021)