Être jardin

Publié le par Monique MERABET

Être jardin

ÊTRE JARDIN

 

 

Lundi matin

tout à faire dans l’urgence

sauf le haïku

 

Le temps passe, le temps passe… temps coulé à recueillir et à siroter comme un bon café. Depuis combien de jours, n’ai-je pas eu le loisir de cueillir ces instants qui me sont destinés ?

 

Cailloux dans la mare

les cercles n’en finissent plus

de se propager

turbulences en cascade

comment m’en débarrasser ?

 

Seul le jardin — en plein printemps depuis ces pluies singulières d’avril — m’offre son « tout va bien »

 

Clérodendron touffu

au tronc de l’avocatier

juste quelques pousses

 

Le vert tendre des feuilles nouvelles émerge à peine de la masse pourpre de la liane enveloppante.

Le jardin sait où il va, résistant à toutes les négligences ; le temps lui est accordé dans son bouquet de plénitude.

Que n’ai-je la capacité de résilience du petit lys des champs qui se courbe sous nos pas et se redresse dans sa splendeur « surpassant celle de Salomon » ?

 

L’herbe rase et sèche

se pencher

pour les fleurettes roses

 

Prendre exemple sur elles. Se faire tout petit, devenir invisible au monde. La beauté d’une aube nouvelle dépend de tant d’aléas, de tant d’oublis à consentir.

J’entends la tourterelle. Son chant est pause salutaire pour m’impulser l’élan de vivre. Sans doute est-il aussi l’étincelle qui fait rayonner le jardin.

Être jardin !

Et puis, chasser les chats qui grimpent au benjoin et qui lui abîment l’écorce…

 

À pas lents je sème

éclats de pelure d’orange

derrière moi

 

Que le soleil, jamais, ne se perde en chemin !

 

(24 mai 2021)

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