La lune est bleue

Publié le par Monique MERABET

La lune est bleue

LA LUNE BLEUE

 

 

Orbe d’un envol

vers qui nous tourner sinon

oreille attentive ?

Uit-Uit-Uit chante le rouge

tout nouveau du cardinal

 

L’oiseau qui m’apporte le printemps, sur l’île australe.

Le printemps, c’est dans un mois… vous n’avez plus longtemps à attendre, les iris ! Même si vous paressez encore au profond de votre fourreau de feuilles, comme j’aime à le faire dans la tiédeur de la couette de « coins » ! Même si vous savez que la fraîcheur hivernale nous reviendra… blancheur du givre dans les Hauts !

Tendresse d’inter saison !

Les fleurs émaillent le petit rosier de leurs camaïeux de rouges et de roses où joue la lumière d’août.

Il suffit d’un peu d’amour — et d’eau fraîche ! — pour les voir s’épanouir et chatoyer, cache-cache soleil.

L’oiseau, la fleur. Vers quoi irions-nous, sinon vers ces cycles de saisons et de lunes ? Quels meilleurs arc-boutant pour nous tenir debout ?

Ce soir, la lune sera bleue — troisième pleine lune d’une saison qui en compte quatre entre solstice et équinoxe, été ou hiver, comme il vous plaira. Qu’importent à la lune, nos hémisphères !

Elle est lune, visible ou non suivant une ronde immuable, une métamorphose programmée, la même pour tous les humains.

C’est pour cela que nous ne devrions pas oublier que nous sommes tous de même essence, tous issus d’on ne sait trop où, tous incertains d’un lendemain au-delà.

La lune qui sera jaune et ronde, comme d’habitude — puissè-je la voir monter au ciel sans nuage ! — éclairera mon jardin tout frémissant du printemps à venir comme elle éclairera les ruines et la désespérance de Haïti-cœur-qui-se-serre sans eau, sans riz, sans toit… malheur sur malheur, tombant du ciel déchiré ou montant des entrailles abyssales de la terre.

Qui l’en délivrera ? Vers qui se tourner ?

 

Mon regard accroche

bractées du clérodendron

en couronnes pourpres

j’ai vu l’oiseau au bec fin

les dépouiller une à une

 

(22 août 2021)

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