La pièce s'achève
LA PIÈCE S’ACHÈVE
Au petit matin
ce chant bouleversant
jusqu’aux larmes
Larmes de deuil. Il.Elle n’est plus auprès de nous, dans la chambre d’à côté. Plus là pour nous dire bonjour. Sourires et paroles effacés. À jamais ?
Pour « celui qui croyait au ciel » : conviction d’un paradis accueillant l’être cher, la possibilité de le retrouver.
Pour « celui qui n’y croyait pas » : acceptation que tout humain est mortel, tout ce qui vit, meurt.
Rhume d’hiver
la pièce s’achève
sur la mort du poète
(Terayama Shûji)
Quel que soit notre état de croyance, le deuil bouleverse des certitudes, en fait parfois naître d’autres. Cependant, tous nous nous retrouvons Grosjean comme devant, à subir l’absence, cet accroc rajouté à la trame de notre existence.
Puis les larmes s’adoucissent des souvenirs : hier encore…
Aujourd’hui, vivre avec, vivre sans.
Chaque instant passe et nous sommes incapables de le retenir. Sablier ou clepsydre qui, un jour, ne seront plus retournés.
Taches des feuillages
pour mes yeux l’impression
d’une permanence
Me laisser engloutir dans l’art d’un tableau de verdure signé L’Avocatier, à la lumière changeante des heures. Un bulbul s’y enfouit, à la recherche de nourriture ; il brodera aux limbes une finition de petits trous, d’inclinaison aux pétioles.
Prendre conscience de la volatilité des choses qui nous entourent. Impermanence chère aux haïkus.
Ah ! Cela nous rendra-t-il plus sages ?
(4 janvier 2022)