Coffee-Art

COFFEE – ART

Cueillie au balcon

la feuille de galabèr*

pour méditation

dessin sur limbe ou café

c’est le flou que je préfère

Coffee-art, c’est comme le land-art : la forme vague parfois arbre ou paysage que crée la petite cuillère en tournant dans la tasse de café. Il faut respecter certaines contraintes : café réchauffé à la grègue métallique et sucre roux de canne. Ce que mon souffle sur le breuvage trop chaud aide à mettre en place : de fabuleux oiseaux parfois, des nébuleuses plus souvent, toujours de quoi faire appel à l’imaginaire, l’imaginé.

J’aime les photographier, espérant toujours voir quelque beauté se révéler au cliché flou…

Mais mon appareil est trop loin aujourd’hui, c sera éphémère-art.

Il y a bien d’autres choses pour me réjouir ce matin : ces fleurs de galabèr retrouvant leur aspect mandala d’inflorescence et l’espoir de graines à ressemer, les boutons au grenadier, les deux roses-camaïeu fraîchement écloses. Et le chant du bulbul, par-dessus tout.

Puis je tombe sur cet extrait d’un sonnet d’Albert Samain, le chantre de nos récitations à l’école de mon enfance :

J’adore l’indécis, les sons, les couleurs frêles,

Tout ce qui tremble, ondule, et frissonne et chatoie,

Les cheveux et les yeux, l’eau, les feuilles, la soie

et la spiritualité des formes grêles ;

Les rimes se frôlant comme des tourterelles…

Ah poésie ! D’hier, d’aujourd’hui.

Le poème s’appelle Déliction. Cela veut dire « amour pur et spirituel ». Je ne connaissais pas ce mot, mon traitement de texte non plus…

Terme devenu obsolète, inusité. Qui oserait évoquer à notre époque un amour spirituel ?

Seul, un poète. Bien sûr, un poète !

*galabèr: nom créole du lantana

(9 août 2022)