Juste un café
JUSTE UN CAFÉ
Tache de soleil
au pelage noir du chat
le roux de mon café
Créations sur café. Au commencement quand la cuillère s’immobilise, immobilise un maelström de spirales, apparaît une Pangée : continent plus ou moins quadrilatère, vaguement USA, d’une neutralité quiète.
Mon œil en quête d’originalité, d’archipels ciselés, ne s’en satisfait pas. Je reprends le pinceau — Euh ! la cuillère — pour en effacer l’homogénéité, dispersant le bloc en îlots effrangés et mousseux jusqu’à ce que s’installe à nouveau un équilibre : une silhouette difforme, génie bougon pas du genre « Commande, Maîtresse, je suis ton serviteur… ». Une entité inquiétante que je juge préférable de ne pas déranger.
Et, hop ! Avalée tout de go…
Une prochaine fois, se révèlera peut-être un arbre, un oiseau, un chat, une lune souriante, une toile d’araignée… qui viendront me rasséréner de leurs broderies inspirantes.
Quelque chose digne de ce café du Pérou, mouture préparée sur place dans la boutique aux breuvages aromatiques.
La vendeuse me demande comment est ma cafetière… J’hésite, balbutie, un peu honteuse de ne pas clamer « expresso bien sûr ! »
C’est une italienne ? suggère-t-elle pour me sortir d’embarras. Si je vous demande ça, c’est pour régler le grain de la mouture.
Italienne ? Je ne sais pas trop si mon modèle de cafetière éculé, basique, correspond à cette dénomination. Je finis par lâcher :
Une cafetière avec filtre, l’eau chaude coulant sur la mouture, le café goutte-à-goutte, quoi ! Comme faisait ma Grand-mère…
Ah ! Café coulé, dit la vendeuse !
Je souris. Ouf ! Je ne suis pas complètement out, pas si obsolète que ça.
Arôme du Pérou
Deux touristes demandent
du café Bourbon
(7 novembre 2022)