Nuances de pluie

Publié le par Monique MERABET

Nuances de pluie

NUANCES DE PLUIE

 

 

Douceur du gris

ce frimas qui m’accueille

comme rêve de pluie

 

Et l’odeur inspirante que l’eau arrache à la terre desséchée, aux cailloux même du passage que les belles de nuit ont déserté. Pétrichor exaltant.

Sur le jardin dévasté où les arbustes — Oh, le buis ! — ont été rasés pour parer à une pandémie de pucerons dans le quartier, je sens frémir les feuilles assoiffées, leur désir intense de boire aux gouttes.

Crépitement sur le gravier. Allégresse. Je suis là, j’assiste à l’évènement ; mon odorat se régale de ses senteurs pénétrantes. Il y avait longtemps…

 

Aux premières gouttes

la voisine à sa fenêtre

respire la pluie

 

J’espère qu’elle durera, l’averse de novembre. Et son chant, et son chant ! Incantation de vie !

Et me voilà à écrire à son eau patiente, persévérante. « Il a eu plu, il pleuvra encore », disait Madame Lucie, la provençale.

Fermer les yeux pour mieux humer, pour mieux écouter. J’entends les arbres jubiler.

Le rire des arbres, comme celui des étoiles, n’a rien de nos espèces de hoquets, de hennissements, de presque sanglots… Il ne s’entend que dans le silence. En fait, ce sont des notes argentines de silence qui se transforment parfois en fleurs.

 

Les gris bleutés

d’un soir de novembre

nouvelles fleurs au manguier

 

(6 novembre 2022)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article