Croître et croire
CROÎTRE ET CROIRE
Je n’ai plus sommeil
quelle heure peut-il bien être
à mon horloge ?
Cris de l’aube. Un enfantement. Un appel à l’éveil, à l’écriture qui me rendra pleine conscience. Mieux que n’importe quel café.
Dans le passage derrière la maison / devant la véranda, tout croît en abondance : belles de nuit, plants de tomate et le thym qui doit se morfondre dans l’étouffoir des adventices, morelle et taline.
Fouillis dont profitent tous mes sens. Aujourd’hui, c’est l’été ; il sera bien assez tôt de vivre maigre saison après l’équinoxe.
Mon corps et mon âme font le plein d’ondes positives : lumière, verdure et senteur d’herbe. Pleuvra-t-il cet après-midi ?
Derrière la clôture, par une déchirure dans le brise-vent (la faute aux chats), je distingue un cana orange destiné au culte tamoul. Et voilà justement qu’arrivent clochettes et encens.
De l’autre côté de la rue, dévotions musulmanes à l’abri des hauts murs. Je me souviens de mon proche voisin zarab en gandourah blanche et calotte ; il venait prier tous les matins, face à un mur — sans doute la direction de La Mecque — et psalmodiait en balançant la tête.
C’est dimanche et les cloches de Saint-Jacques et de l’Assomption appellent les fidèles à la messe.
Environnement de spiritualités, de dieux, de Dieu… Notre vivre ensemble réunionnais n’est pas si cariaté* que prétendent quelques réflexions amères : « Ma fiy, isi osi nana rassiss ».
*l’adjectif cariaté couramment utilisé en créole vient des carias, termites qui envahissent nos maisons en été et qui font tomber en poussière nos meubles et boiseries.
(29 janvier 2023)