NAHAIWRIMO 2023 (II)
4 février : HEURE DU DÉPART (pour le travail, l’école)
Le travail, l’école… même destination pour le professeur que j’étais, même départ aux aurores et j’ai voulu noter le contraste entre mes lieux successifs de travail qui ont changé d’hémisphère.
Forcalquier (Alpes de Haute-Provence) après les (courtes) vacances de Noël, quand il fallait retrouver les rites de dégivrage du pare-brise dans le petit matin froid de janvier :
Départ pour le collège
le rose de la montagne de Lure
me console de l’hiver
Granmatin livèr
sa i done amoin kouraj
nèj roz an o la-ba
Saint-Denis de la Réunion, après les (longues) vacances de l’été austral, janvier de saison chaude et humide. Tout pousse alors à grande vitesse et la voiture qui reprend du service partage mon pincement au cœur de la rentrée
Blues de rentrée
un liseron bleu s’accroche
à la portière
La rantré janvié
ti lizron la i vè anpèsh
loto démaré
5 février : DÉJEUNER (pause de mi-journée)
Les mots et les mets pour ces déjeuners entre amies, manjékozé au restaurant où nous avons table réservée :
Tablée d’artistes
manger, causer
et refaire le monde
Manjékozé
bann zékrivène i fé ronf
lo mo léspoir
… ou parenthèse d’un pique-nique sur un banc devant la cathédrale lorsque Covid s’en mêle :
Pause sandwich
place de la Cathédrale
miettes aux pigeons
Ban dovan l’égliz
partaj in morso lo pin
sanm tralé pijon
Et, petite incursion dans le temps longtemps. Comment dit-on « déjeuner » en créole ? Je me souviens de cette pause décalée (11h – 13h) et de nos repas « dîner d’onze heures »
Déjeuner d’antan
la cloche de l’école
nous libérait à 11 h
onzèr la soné
dan la tite salamanjé
lèr diné vitman
Petite question (que ne se posait pas la petite écolière d’alors) : déjeunait-on à 11 h afin de coller à la pause scolaire ou bien cette coupure décalée était-elle due à la coutume réunionnaise de déjeuner à 11 h et non à midi ?
6 février : HEURE DORÉE
Heures dorées des éblouissements.
Soleil levant qui éclaire un sommet sacré, un pan de Piton, plus haut sommet d’une île, témoin d’histoire, de marronnage à ses pieds…
Magie du qi-gong
face au Piton des Neiges
que le soleil dore
Grimper dans la nuit
attendre que soleil se lève
au Mont Sinaï
Mais aussi éblouissement de couchant, la Mare ou l’Océan comme nappes de métal en fusion…
Saules en automne
mille paillettes d’or
la mare au couchant
Aux derniers rarayons
dans la mer l’astre a plongé
envol de papang
Et puis l’émerveillement des perles scintillantes, gouttes que retiennent encore les feuilles d’une ondée matinale, la pluie dont on se languissait…
Soleil au balcon
miroitement des gouttes
mon réveil ébloui