Les avez-vous vus ainsi?
LES AVEZ-VOUS VUS AINSI ?
Une ribambelle
bleu et blanc sous ma fenêtre
les iris du jour
Ah ! Oh ! Les avez-vous déjà vus comme ça ?
Parterre d’iris s’éveillant.
Un, deux, trois, quatre, cinq postures différentes… pour commencer un haïku.
Bulbe meringué au commencement.
Puis, un, deux, trois ! Les bractées s’abaissent avant de se mettre à l’horizontale quand le soleil les prendra dans ses rais.
Si j’étais peintre… Monet des iris d’un jour, pourquoi pas ? N’a-t-il pas peint nymphéas et nymphéas encore ?
Savourer les instants iris sous ma fenêtre. À chacun sa lumière, son éclat, camée en bleu et blanc sertissant le brun intime du cœur de la fleur.
Je n’y ai jamais aperçu d’abeilles cependant. Je sais pourquoi ?
Leur existence si brève, de soleil levé à soleil pas encore couché, ne permet pas aux ouvrières le loisir de baliser l’espace depuis leur ruche lointaine ; et puis, leur floraison aléatoire, un jour faste, un jour chiche, peut-elle être programmée pour les butineuses ?
Holà ! Tout cela n’est que pure spéculation d’observatrice lacunaire et je ne voudrais pas tenir propos lèse-abeilles.
D’autres insectes — plus casaniers chez moi… chez eux — s’y promènent sans doute ; tanka bann moushamièl, kisa i pè konète ?
Avant les oiseaux
le silence du matin
se remplit d’iris
Bénédicité pour ce moment où j’ai loisir de les admirer, d’en prendre photos, de tenter d’écrire, décrire, transcrire leur irréfragable beauté.
Savoir que je n’y parviendrai pas avec mes maigres mots trop terre-à-terre. Comment pourraient-ils convenir à des êtres si aériens ?
Surtout lorsque la symphonie visuelle se double d’un concert de mille voix, oiseaux lutins qui font frémir les feuillages de leurs notes en cascades… et que mes yeux ne distinguent pas. Pas plus que mon oreille ne différencie les sons émis.
Tout ce dont je suis sûre, c’est que grâce m’a été donnée en ce matin magnificat.
Cueillir des cerises
accueillir sur mes cheveux
pluie de pollen
(18 septembre 2024)