Ombres en rubans
OMBRES EN RUBANS
Au tronc du manguier
des rubans d’ombres palpitent
le flou d’un visage
ramené de l’inconscient
au hasard de mes yeux las
En attendant Bekhi, peut-être… Le météore s’est affaibli, de cyclone à tempête tropicale et rôde du côté de Rodrigues. À nos portes ?
Sa lé loin, sa lé fay-fay, pa bèzoin la pèr !
Mais l’événement de ce mercredi est la transplantation du pié lindigo poussé an misouk — et sans assises — dans une rainure du béton. Facile à déraciner en gardant tout son système racinaire, pivot et adjacentes. Mis en terre dans un pot, résistera-t-il au vent qui ravage au jardin ?
Pendant ce temps-là… Non ! Pas « pendant ce temps-là » lourd de sinistres nouvelles ! Ne gâchons pas la pause journalière qui permet de faire naître un jour nouveau, de le nourrir de promesses.
Est-ce si futile de s’intéresser au sort d’un arbrisseau d’un jardin minuscule sur un caillou d’île alors qu’ailleurs Je connais un pays pas très loin d’ici on pille, on tue, on brûle, on anéantit l’olivier ?
Puisque nous ne pouvons pas agir — sinon pleurer et prier —, mettre ses doigts dans la terre, n’est-ce pas lui assurer un peu de futur ? N’est-ce pas maintenir en ce monde qui perd l’âme, une flammèche de paix dans bec de colibri ? J’ai sauvé une herbe aujourd’hui.
« Celui qui plante un arbre, sachant qu’il ne s’assiéra pas à l’ombre de celui-ci, aura commencé à comprendre le sens de la vie » (sagesse amérindienne)
L’ombre, je n’y compte pas. Mais, les fleurs peut-être : elles sont d’un jaune radieux, déployant bouquet de pétales-papillons.
Et puis, si na poin flèr, nana lo fèy… cela suffit à la joie.
Feuilles-médailles
y découvrir un camée
escargot de nuit
(20 novembre 2024)