Les éventails de l'Avent
LES ÉVENTAILS DE L’AVENT
Feuilles de ginkgo
que je ne saurai ramasser
ô muses lointaines
Calendrier de l’Avent ? Faute de pouvoir grappiller quelque feuille d’or au ginkgo du temple, je me tournerai vers vous, feuilles de mon jardin, vous rajoutant chaque jour à ma collection d’éventails.
Bords lisses ou chantournés, limbes unis ou marbrés, fractales ou rubans, feuilles vives ou feuilles dentelle tissée au secret du sous-bois… vous déployez sans fin vos ramures ouvragées, en toute saison.
Tout un monde y grouille, escargots ou araignées, infinie variété de bestioles dont j’ai oublié le nom et à quoi ça sert.
Tour du jardin
la punaise transparente
voyage à mon bras
Nuisibles ou utiles suivant nos critères humains, nécessaires éléments de biodiversité suivant les échelles du vivant. Par la fenêtre, j’observe leur danse d’éventails en flamenco.
Sous les flamboyants
Je vois danser le vent…
Ainsi commence le premier haïku d’une Coline de 8 ans : mon premier atelier haïku que je garde au cœur comme une joie offerte.
S’il n’y avait les mouvements des feuillages, que saurions-nous du vent ?
Petit papayer
appuyé au tronc
d’où vient la brise
Inclinaison dans le sens des alizés, comme ces filaos du bord de mer devenus bonsaïs.
Les feuilles dansent. Elles écrivent aussi à l’encre des mandibules qui calligraphient à tout va dans le fénoir : feuilles odorantes des galaberts, cœurs ajourés des liserons… je suis bien trop ignorante pour songer à les lire un jour.
Alors, j’y inscrirai quelques haïkus d’inspiration marronne, renouant avec cette poète — dont j’ai oublié le nom — qui écrivait ses poèmes sur les feuilles tombées.
Écrire sur feuilles
choisir larges limbes rouges
des badamiers
qui ira les ramasser
le vent les a balayés
(30 novembre 2024)