11Novembre
11 Novembre –
un cheval blanc met du noir
à mes souvenirs
Sur un cheval blanc, un gendarme en costume d’apparat blanc lui aussi. C’était lui le messager venu annoncer à ma grand-mère que son mari ne reviendrait pas : mort à Salonique, fauché par une balle perdue au cours d’un bivouac ; il avait réchappé de l’enfer des Dardanelles. Mort pour la France et une belle médaille militaire qui a reposé dans le tiroir de l’armoire de ma mère et qui a fini par disparaître : chez un cousin ? jetée par mégarde lors d’un déménagement ?
Pour ma grand-mère, veuve avec trois enfants et sans ressources, une maigre pension et ces habits noirs éternels qu’elle portera jusqu’à sa mort.
Maman avait six ans à l’époque et il ne lui est resté de l’événement que ces quelques éclats de blancheur, un souvenir ténu et léger. Et, curieusement, c’est aussi l’impression qui m’est restée : ce côté irréel voire surréaliste d’un mort décidément trop jeune pour être un grand-père.
grand-père
mort à la guerre
l’âge d’être mon petit-fils
(Monique MERABET, 11 Novembre 2010)