Exil (Anick BAULARD)
Exil
Il faut partir, pourtant,
quitter la mère et les ancêtres
vers cet Eldorado rêvé
où l'on n'aura plus jamais faim.
Il faut partir, vraiment,
pour tout bagage n'emporter
que le tangage blanc du sable
et le roulis grisant du fleuve.
On reviendra, sans doute,
plein de fric et de morgue
pour palabrer sous l'arbre...
Bien sûr, on reviendra !
On reviendra, peut-être,
plein de vide et de honte
pour renaître sous l'arbre...
Oh oui, on reviendra !
... On ne reviendra pas,
la route fut trop rude ;
pour la faire à l'envers
la force va manquer.
Alors il faudra vivre
loin des ancêtres et loin du fleuve
avec au cœur le caillou mort
et lourd de la terre natale,
avec à l'âme, tatouée
en noir, la douleur de l'exil...
Il faut partir, pourtant...