Abeilles (17)
ABEILLES
(Christian FONTAINE)
« Le monde irait à vau-l’eau si les abeilles disparaissaient. »
Voilà ce qu’on entendait ces dernières années.
Comment pourrait-on vivre sans la nature autour de nous ? Pourrait-on se passer des insectes, des animaux et de la flore qui existent depuis des milliers d’années, voire des millions d’années ? Serions-nous, humains, capables de créer des êtres et des plantes comme Dieu l’aurait fait selon les textes sacrés ?
Voilà ce que l’abeille me pose comme questions.
Avant de fabriquer le sucre, l’homme comptait sur votre miel, abeilles, pour tartiner son pain.
L’ours aussi s’en délecte, abeilles, protégé de vos dards par son épaisse fourrure. L’homme lui se camoufle pour éviter vos piqûres, plus fatales à vous qu’à lui. Il vous a apprivoisées et vous a fabriqué une ruche de paille, de bois ou de pierre comme il a su du loup en faire un chien de garde.
L’intelligence humaine et celle de l’abeille peuvent-elles se comparer ? Nullement pourrait-on dire, mais elle sait des choses, l’abeille, pour toute éternité. Dans la ruche elle côtoie soldats, ouvrières et reine. Grâce à son sens de l’organisation, la ruchée offre ce qu’elle peut offrir de meilleur, son miel, le fruit de son travail. Se pose-t-elle des questions, l’abeille ? C’est une célibataire, l’abeille. Pour elle… le travail, pour sa reine…l’amour. Même dans ses pérégrinations, elle ne se laisse pas conter fleurette ! Pas de problèmes de cœur, donc ! L’homme souffre, pas elle ! A cause de l’amour ? Pas elle ! Et la reine jouit-elle avec tous ses mâles ?… Même pas ! Reproduction, reproduction ! « Multipliez-vous, multipliez-vous !», que lui disait son créateur qui pour bien faire a séparé les fonctions! Ah ! Voilà une nouvelle reine, pas de luttes inutiles, l’une d’elles s’en va essaimant à nouveau, en s’aimant un peu, nouvelle ruchée qui s’envole pour créer par son travail inlassable cette matière inégalée, le nectar aux qualités remarquables, la divine ambroisie.
Abeille tu es une référence pour l’homme et ton miel est espéré, aux parfums de letchi ou de poivrier marron ! Comme un pays l’est, terre promise pour un peuple apatride, Canaan, pays où coule le miel… Qu’importe qu’il soit rocailleux, sec ou venteux, il cristallise tous les espoirs et toutes les forces d’un peuple pour qu’il y produise son miel à lui : ses champs y fleuriront, ses chants y résonneront….
Abeilles, avez-vous été un jour des petites fées penchées au-dessus des berceaux royaux ? Nos Isabelle, anagrammes d’abeilles, Isabelle de Bavière, Isabelle d’Angoulême, Isabelle de France ou d’Espagne ne seraient-elles pas un peu vous? Ces reines et ces rois ne portent-elles pas sur leurs armoiries le dessin d’une abeille pour symboliser la royauté et le travail ? Un royaume, n’est-ce pas comme un rucher aux entrées gardées par des soldats ? Ses ménagères ne se veulent-elles pas d’infatigables ouvrières ? Sa reine ne s’entoure-t-elle pas de mâles aux avis précieux et féconds ?
Abeilles, laissez-moi encore jouer avec votre nom, laissez-moi mélanger vos lettres !
Abeille, baille-nous ton miel ! (Bailler v. 10.Vx. Donner)
Butine la baselle si pauvre en nectar !
Que ton humeur ne soit pas labile, le travail avant tout !
Sois notre balise, si fragile que tu sois, dans notre monde qui a besoin de toi !
Et, en prime, le texte de la jolie chanson que Marie-Andrée FONTAINE a retrouvé pour nous...
Une jolie chanson qui fera que les abeilles ne sont pas prêtes de nous quitter...
L’abeille H.Salvador et M. Pon
Une abeille un jour de printemps
Voletait, voletait gaiement
Sur la rose bruyère en fleur
Dont si douce est l’odeur.
Au pied de la bruyère en fleur
Une pauvre chenille en pleurs
Regardait voler dans le ciel
La petite et son miel.
Et la pauvre chenille en sanglots
Lui disait je vous aime
Mais l’abeille là-haut, tout là-haut
N’entendait pas un mot.
Cependant que les jours passaient
La chenille toujours pleurait
Et l’abeille volait gaiement
Dans le ciel du printemps.
Après avoir pleuré jusqu’à la nuit
Notre chenille s’endormit
Mais le soleil de ses rayons
Vint éveiller un papillon.
Et sur une bruyère en pleurs
Notre abeille a donné son cœur
Tandis que chantaient les grillons
Au petit papillon.
Par les bois, les champs et les jardins,
Se frôlant de leurs ailes,
Ils butinent la rose et le thym
Dans l’air frais du matin.
Ma petite histoire est finie
Elle montre que dans la vie
Quand on est guidé par l’amour
On triomphe toujours
On triomphe toujours
On triomphe toujours.