Contes, comptes, comtes (Christian FONTAINE)

Publié le par Monique MERABET

Vendredi 14 mai 2010

 

Texte de Christian Fontaine. Autour du conte, compte, contre.

 

Ah ! Ce qu’on est content d’avoir un sujet à traiter dans sa vie de retraité. S’il n’y en avait pas du tout on se demande si la vie vaudrait d’être vécue. Merci les amis de Pat’Pantin pour ce sujet qui en vaut bien un autre. Plus je réfléchis, moins j’ai de choses à dire, tant la vie me paraît complexe, indicible.

            Mais commençons par l’enfance et ses contes. Chaque pays, chaque comté a les siens. Il y a toujours un roi, un seigneur qui court après une princesse, laquelle s’est transformée en une souillon pour qu’on lui foute la paix. Alors les contes, je suis contre ? Non pas. Ils restent des œuvres magiques que nous racontons à nos enfants… qui ont besoin qu’on « fasse un compte avec eux ».

            Plus tard à l’adolescence, on n’est pas toujours pour sortir avec papa, maman. On est plutôt contre. C’est l’âge où la sexualité s’éveille, où l’on voudrait être tout la sœur du copain et même la mère du copain qui porte pantalon unisexe très moulant, qui ne cache pas ses rondeurs et son sexe  en pomme de terre, moi le mien en fil de fer ! Fini les contes, on compte alors les années avant d’avoir la majorité et d’aller chercher son poulailler et d’être le coq en chef.

            Assurément arrive l’âge adulte qui nous met devant nos responsabilités : trouver un boulot tout en contant fleurette à quelque belle fille au détour d’un chemin. Je suis ton beau brun, tu seras ma brune. Mais les parents veillent : cette fille ne leur plaît, celle-là non plus. Ils sont contrariants. Quelle galère ! Mais on est patient. Le temps joue contre eux. L’amour se construit. On va régler les contentieux. La mère de la fille n’est pas une comtesse, pas le style guérillero non plus, comme les contras du Nicaragua. Eh bien, c’est la fille que j’aime. Un point c’est tout. Enfin je ne vais pas les contrarier d’autant que c’est la fille maintenant qui s’est barrée avec un « contre nation ». Tant pis on s’adosse aux contreforts de la solitude. Le suicide vous effleure un moment.

             Mais voilà que le ciel redevient bleu. Une autre fille se profile à l’horizon. Vous passez à la contre-offensive, mais vous n’êtes pas seul en lice. Votre point fort : vous n’êtes pas contrefait. Vous avez d’autres atouts, vous venez d’avoir un boulot de contractuel : ce n’est pas rien. Vous pouvez même lui offrir un toit. La fille, votre Ariane, vous contemple. Ca va,  vous vous sentez mieux. Il s’agit de tenir sur le long terme.

            La fille est devenue femme et ses contours bien arrondis, out la contraception, vous annoncent l’heureux événement. A l’accouchement vous êtes un peu contracté, mais qu’est-ce qui montre son petit bout de nez ? Le bébé rêvé ! Et voilà que les contes apparaissent. La famille n’est plus contre. On se contorsionne autour du berceau. Chacun y va de ses couplets, on se rappelle le bon vieux temps. Ah ! Elle a les yeux du grand-père, le cul de la belle-mère ! Pour monsieur, fini le temps de la continence. Mais madame, de bébés pas trop n’en veut !

            La vie continue avec ses aléas, ses contentements, ses malheurs aussi.  Vous suivez la mode, mais parfois vous vous opposez  à des laisser-aller. Vous devez aller à contre-courant, sinon la vie vaut-elle la peine d’être vécue ? Vous vous contredisez parfois, mais diable qui peut se vanter de ne pas le faire ? C’est parfois contrariant : la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il vous arrive d’être contrebandier. Nos ancêtres n’ont-ils pas été flibustiers ? Nous n’en sommes pas peu fiers, non ?

Dans la vie, il faut contrebraquer quand ça dérape. Et ça dérape. Monsieur ou Madame veut rompre. Le fil d’Ariane s’est cassé. Comment sortir de votre labyrinthe ? Contre son sein, contre ses seins, c’est terminé. Elle vous fait signer alors le contrat de rupture. Au bas mettez votre contreseing !

C’est la fin ? Pas toujours ! On se relève et on apprend toujours surtout si on est parti à contresens. N’est-ce pas que la vie n’est pas totalement contrôlable ?

 

(image Flickr)4624811772_a77675e24a.jpg

Publié dans KONT

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M
<br /> <br /> Merci Christian de nous avoir régalé avec ce texte alerte et si plein de vérité...<br /> <br /> <br /> <br />
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