Dimanche, on tourne... les pages (10)
LES TROIS VIES D’ANTOINE ANACHARSIS
(Alex Cousseau)
Aux éditions du Rouergue
Quatrième de couverture :
Il s’appelle Taan. Ou Antoine. Ou Anachardis.
Peu importe. Son histoire commence en 1831, sur une petite île nommée Nosy Boraha, dans les mers du Sud. Il est né avec un mystérieux médaillon autour du cou, contenant le plan du trésor de son ancêtre, le fameux pirate Olivier Levasseur, dit La Buse.
Á la poursuite de ce trésor, il a fait plusieurs fois le tour du monde, il a vécu des aventures extraordinaires, il a rencontré des personnages étonnants. Il a été esclave dans une plantation, voleur à New York, baleinier au Cap Horn.
Ila vécu, il est mrt et il est né trois fois. Et aujourd’hui ce sont ses trois vies qu’il nous raconte, pour nous prouver que les trésors existent…
Mon avis
Un beau roman-jeunesse ! Ah ! Ils sont gâtés les jeunes d’aujourd’hui… Ils suivront avec bonheur les aventures échevelés du jeune Antoine ; ils voyageront à sa suite d’Afrique aux Amériques, d’Amérique en Afrique, à la recherche d’un improbable trésor, qui serait peut-être enfoui dans quelque ravine réunionnaise. Chut !... Le fameux trésor d’Olivier Levasseur, dit La Buse, notre pirate péi pendu et enterré à Saint-Paul, a déjà fait couler beaucoup d’encre.
Et le voilà planant de tout son mystère sur ce roman picaresque.
Mais il ne faudrait pas restreindre les péripéties de cet ouvrage digne de Jules Verne, à ce trésor. Il faut en bien plus pour remplir les trois vies de cet Antoine là.
Des trois existences d’Antoine, la première, celle qu’il a vécu dans le ventre de sa mère, est l’épisode que je préfère. Tout simplement parce qu’elle se rattache à un fait marquant de l’histoire de mon île : la sombre période esclavagiste. De nombreuses pages du roman croisent et recroisent les chemins d’asservissement et de honte qu’a connus notre humanité :une île malgache, un navire négrier, des champs de coton dans les États du Sud des États-Unis et bien sûr l’île Bourbon (devenus la Réunion)…
Et là, le roman prend forme d’ouvrage pédagogique ravivant la mémoire, le devoir de mémoire pour ne pas oublier qui furent et ce qu’ont vécu nos ancêtres, pour se rappeler aussi la chance de vivre sur une terre de métissage, le seul pardon possible pour tant d’exactions et d’iniquité générées par l’esclavage.
Je serais heureuse que les jeunes réunionnais lisent ce livre afin d’y retrouver quelques éléments de leur histoire, de s’y retrouver. Comme je m’y suis retrouvée.
Et je ne peux résister à l’envie d’évoquer « L’île du non retour », ce recueil de poèmes que j’ai écrits en mémoire, en hommage à ceux qui furent arrachés à leur terre natale et qui n’y sont jamais revenus. Ils ont été publiés en 2010 aux Éditions SURYA.
Pour en savoir plus :
(Monique MERABET, 24 Février 2013)