Dimanche on tourne... les pages (12)
Récits librement inspirés de ma vie d’oiseau
(Marie Huot)
Ouvrage de poésie publié aux éditions « Le temps qu’il fait » (letempsquilfait.com)
Le point de vue de l’auteur :
Les « Récits librement inspirés de ma vie d’oiseau » terminent la trilogie ouverte par « Absenta », poursuivie par « Chants de l’éolienne ».
Comme les précédents, ce recueil est une boîte emplie de voix perdues.
D’énigmatiques personnages sont ici rassemblés pour élever leur voix et raconter une histoire qui est peut-être la leur.
Rassemblés mais très égarés dans leur solitude.
Ils frappent, chacun, contre la boîte pour y glisser leur petite chanson.
Ils sont nombreux, Icare, l’alouette, la femme-saumon, le montreur d’ours, la lingère et tous ces autres de ma vie d’oiseau auprès de qui je chante.
Ils se tiennent debout, immobiles, ils cherchent des yeux un lieu pour y déposer leur parole, comme les oiseaux les nids.
Un lieu pour élever enfin leur voix.
Tandis qu’un chœur de sirènes, plus bas, recoud point à point le chant des égarés.
Mon point de vue de lectrice :
Voilà une lecture qui tombe à pic pour célébrer le Printemps des Poètes de cette année 2013 dont le thème est justement « Les voix du poème »:
Un monde si étrange et si réel à la fois des voix perdues, celles habillant nos mémoires, celles affleurant nos possibles métamorphoses d’écailles ou d’ailes…
Un monde un peu onirique, fantastique, que nous habitons pourtant au quotidien des vies humaines.
Voilà ce que proposent ces poèmes fascinants de Marie Huot : voix venue d’on ne sait où et que nous faisons nôtres.
Je m’y suis laissé engloutir… Je me suis laissée envoûter par les personnages extraordinaires qui traversent ces ailleurs et qui me sont souvent si intimes. Car leurs présences irréelles se mêlent aux chants de la terre et du ciel, ceux qu’écoutent parfois les hommes et que parfois ils brouillent de leurs rythmes guerriers.
Quelques phrases relevées au fil des pages et qui ont particulièrement marqué ma lecture d’aujourd’hui :
J’ai appris à lire les partitions
Des oiseaux sur les fils
Pour prendre appui nous chuchotons à dieu nos mirages secrets
Elles élèvent leurs voix contre les dévoreurs de forêts et demandent grâce pour leurs pères.
Qui se souvient qu’un jour les maisons éventrées ont abrité des nids ?
Qui décide de lever une armée et à quelle heure de la nuit, sans témoins, ses mains tremblent ?
Ces quelques citations ne sauraient résumer le recueil de Marie Huot, si intense… un recueil qu’on ne referme d’ailleurs jamais une bonne fois pour toutes. Il y a tant à y glaner, tant de paroles à méditer, tant de possibilités de découvrir
« s’il vous plaît encore un peu, encore un peu de vie »
(Monique MERABET, 3 Mars 2013)