Fin d'arc-en-ciel
FIN D’ARC-EN-CIEL
La journée commence bien : courir après l’arc-en-ciel dès mon réveil. Le ciel est pétri de gris et de bleu ce matin, avec quelques traces de la pluie de la nuit qui farine encore un peu. Temps idéal pour arc-en-ciel. Mais je ne l’attendais pas dans ce coin, la belle arche dissimulée par la masse haute de l’avocatier.
Matin pluvieux
au soleil les gouttes roses
des belles-de-nuit
Ce sont les oiseaux qui m’ont servi d’éclaireurs : une dizaine de piafs disposés sur la portée des câbles électriques. Ils se chauffent le ventre au soleil et je me demande toujours si leur arrangement sur les fils est si aléatoire qu’il paraît.
En tout cas, derrière la partition de pioupious, il était là, le bel arc déployé, le premier que je vois cette année, le marqueur d’un glissement de saison, peut-être. Les jours raccourcissent en Février et depuis quelques jours il fait moins chaud.
J’ai posé la pomme que je pelais et je me suis précipitée vers mon appareil photo afin de capter un peu de l’empreinte colorée. Belle journée.
Dévaler l’escalier
au risque de tomber
tout ça pour l’arc-en-ciel !
Mais tu as plein de photos d’arc-en-ciel !
C’est vrai. Mais pas celui d’aujourd’hui, du 18 Février. Pas de cet instant où je l’ai découvert, toute essoufflée d’avoir couru. Pas sur le ciel de ce matin qui se souvient encore de la dernière ondée. Pas avec les oiseaux au premier plan…
Chaque instant ne ressemble à aucun autre, n’est aucun autre. Unique. Je le vis là, pour la première fois, pour la dernière fois.
Et le bonheur de l’écrire, de laisser s’égrener les mots de mon cœur qui s’apaise aurythme de la musique des oiseaux.
L’oiseau lointain
module son long trille
un instant
La musique a le pouvoir de dilater le temps : cascades de notes qui se combinent, qui s’étalent pour remplir un intervalle bref de temps … bref si on le mesure au mécanise d’une horloge. Le flot des sons qui s’y engouffre, l’élargit, le fait éclater : plage d’infini qui s’étend. Le temps qui nous est offert ne nous est jamais compté : il s’inscrit dans l’éternité.
Arc-en-ciel de Février
se délitant
sous l’averse
(Monique MERABET, 18 Février 2013)