Fleurs de cerisier
LE CŒUR DU CERISIER
à Patricia,
Le printemps s’en souvient. Aux rameaux du verger,
Avril avait offert ses fleurs de porcelaine ;
La floraison pastel déferlait sur la plaine,
Nuage d’apparat flottant dans l’air léger.
Le souffle batailleur, prêt à tout saccager,
Le mistral dépouilla, fonçant à perdre haleine,
Un cerisier transi. La parure de laine
S’éparpilla… moutons, au pied du tronc berger.
Un poète s’émut du sinistre ravage :
« Maudit soit l’aquilon et sa fureur sauvage !
L’éphémère splendeur, déjà, s’évanouit. »
Il composait trop vite un chant de funérailles
Car, de cœur généreux, l’arbre se réjouit
D’accorder au sol nu, sa robe d’épousailles.