Google et le pétrichor
Google et le pétrichor
à Marcel et Monika
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt et un brin d’amusement les réactions au haïku de MOP posté en commentaire sur l’article Parenthèse d’automne (2) de Patpantin :
ciel noir
et juste après
le pétrichor
Bien sûr, le terme de petrichor (l’odeur de la terre après la pluie d’orage) m’était complètement inconnu. Et, en bonne retraitée obsolète, je n’ai pas eu l’idée d’aller voir sur Google… j’ai demandé à l’auteur… que je remercie pour sa réponse. Voilà qui comble mes aspirations poétiques, de savoir qu’on a nommé cette odeur qui compte beaucoup pour moi.
Google ? Non, je n’ai pas acquis le réflexe du net pour source d’informations ! C’est ainsi que l’autre jour, face à des lycéens « branchés » je me suis trouvée complètement « décalée ».
Lors d’un atelier-haïku avec une classe de Lycée, je cite des tercets en m’efforçant de les faire commenter par les élèves. Et puis, pour changer un peu, j’écris les deux premières lignes de ce haïku de Ludmila Balabanova (in D’un ciel à l’autre, AFH 2006) :
Premier baiser
l’odeur du tilleul
…..
Je leur demande de compléter la troisième ligne, juste pour vérifier qu’ils me suivent bien.
Après quelques essais logiques (dans sa bouche, sur ses lèvres) une fille énonce la véritable troisième ligne, celle qu’avait donnée l’auteure :
atteint les étoiles
Bien entendu, sans état d’âme, elle avait tapoté son i-phone…
J’ai ri mais avec le sentiment de « ne plus être dans le coup » et celui plus perturbateur que le recours immédiat à Google bloque toute recherche ludique. Au prochain atelier, faudra-t-il préciser « il est interdit de chercher sur le net » ?
Mais au fond, pourquoi animer des ateliers pour la découverte du haïku ? Y a qu’à taper le mot « haïku », non ?
Là je me fais l’avocat du diable, tout en espérant que la transmission poétique se fera dans l’échange et le partage. Une des lycéennes m’a demandé si « le haïku pour moi était une passion ou un passe-temps ? » Je lui ai fait préciser la différence entre les deux expressions et je lui ai demandé de conclure elle-même.
La passion, oui, le haïku est une passion !
(Monique MERABET, 1er Novembre 2012)