Haïkuthérapie
HAÏKUTHÉRAPIE
Peut-on soigner la dépression par les haïkus ? Je réponds sans hésitation : « OUI »
La preuve en est, ces péripéties autour du lampadaire que j’aperçois de la table où j’écris habituellement sous la véranda.
Et s’il y a quelque chose qui me fait grincer des dents, qui me rend l’humeur morose, c’est cette prolifération de câbles, ces ampoules à la lumière crue blessant la nuit et tous ces horribles pylônes qui les soutiennent.
De quoi me donner le bourdon, vraiment !
Et puis un jour, je remarque les ricins, ces arbustes « sauvages » qui prolifèrent dans la cour du voisin.
L’écran des ricins
jour après jour le lampadaire
rapetisse
Effectivement… mon haïku semble accélérer la pousse des végétaux (pour être honnête faut préciser qu’on était à la saison des pluies) et me voilà débarrassée de cette vision enlaidissant mon horizon.
Pas pour longtemps hélas ! On réaménage de fond en comble une rue proche pour en faire une « avenue digne de ce nom », le maire dixit. Et voilà qu’un monstrueux pylône en béton me barre l’horizon.
30 Novembre
hors de portée des ricins
le nouveau pylône
Je ne pourrais jamais m’y faire ! Et mes idées noires qui reviennent au galop… Mais en fait, comme dit Simone Signoret, « le lendemain, elle était souriante »
Ce laid pylône
je le supporte mieux
après mon haïku
Et, ma foi, je finis par l’oublier, prenant exemple sur les oiseaux qui occupent sans état d’âme leur portée de fils rehaussée. Quant à l’inspiration, elle ne me fait pas défaut même quand je ne trouve rien à dire.
Ce haïku
qui ne vient pas – rien
à retenir de ce jour ?
Pas très bons mes haïkus ? Bah ! Ce n’est pas ce qui empêchera la terre de tourner. La terre ou…
Chaque matin
elle tourne sur elle-même
la cuiller du café
(Monique MERABET)