L'amen des iris

Publié le par Monique MERABET

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L’AMEN DES IRIS

 

 

 

Ce matin… Ah ! ce matin… j’ai vu s’ouvrir tout un parterre d’iris. Mon rêve devenu réalité ! Et ce sentiment d’allégresse qui m’a submergée devant tant de beauté, notre legs, notre patrimoine.

Voir le bulbe blanc écarter implicitement ses lobes, déplier ses voiles une à une…

 

Langue de pétale

comme un petit bateau

l’iris

 

Voir ce fin rai de bleu s’élargir tout doucement… une fenêtre laissant deviner un nouvel univers, car chaque fleur est un cosmos particulier. Et chaque fleur a sa manière à elle de se dévoiler.

 

Lumière de septembre

une bractée blanche

jaillit de l’iris

 

Telle lance un triangle à l’horizontale, directement ; telle autre jouera le suspense en s’élevant bien droite, à la verticale.

Et voguent les voiles blanches sur le vert éclatant des feuilles !

Le voyage me fige là, dans l’attente : avant, pendant, après, tout est bon, si harmonieux.

Puis ce moment miraculeux, quand s’emballe mon cœur, mon esprit : celui de la détente des deux autres pétales dans le même élan, exposant enfin un mandala versicolor d’étamines et de pistils.

Magie de ces instants orchestrés par la lumière de ce matin de Septembre. C’est elle qui décide de l’angle d’ouverture, de la disposition des corolles dans l’espace et dans le temps.

Et moi, la spectatrice comblée, des larmes de joie me piquant délicieusement les paupières, j’ai vécu le mystère de cette naissance ; j’ai flotté entre des mondes, l’âme rassasiée. Combien tout le reste a peu d’importance !

 

 

Brise matinale

la lumière joue

à saute-iris

 

Communion fraternelle avec tout ce qui vit, avec l’éphémère, aussi. Ce soir, les iris seront fanés. D’autres s’ouvriront demain. Et nous pourrions vivre cette éternité… et nous pourrions ne connaître que cette paix, en ce 11 Septembre de triste anniversaire, en ce rappel des folies humaines…

Ô vous les destructeurs d’Eden ! Ô vous les pourvoyeurs d’Apocalypse ! Savez-vous que tout ceci vous sera redemandé ?

Il y a cette phrase dans l’Apocalypse de Jean : « Je détruirai ceux qui détruisent la terre ». Oh ! Il ne s’agit pas là de rapporter les paroles illusoires d’un Dieu vengeur auquel on peut ne pas croire. Non, chaque acte humain porte en lui ses conséquences… en bien et en mal.

Que l’Amen des iris de ce jour me soit compté, qu’il nous soit compté pour l’avenir de notre terre !

 

Cœur d’iris

soudain révélé

- oh ! mon âme…

 

(Monique MERABET, 11 Septembre 2013)

 

Publié dans Haïbuns

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M
<br /> Amen, Amen Monique !<br /> <br /> <br /> Je partage ta joie, tes transports et tes larmes lorsque j'ai la possibilité de regarder mes fleurs se déplier petit à petit tout à long de la matinée au printemps. Un plaisir rare pour moi qui<br /> ne suis pas encore à la retraite et qui est donc d'autant plus cher à mon coeur !<br />
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M
<br /> <br /> Oh! Pour la retraitée que je suis, il s'agit là d'un spectacle rare... Les choses se passent parfois avec une lenteur... désespérante. Je me souviens d'avoir voulu assister au Nô du trèfle...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Tout sensible !<br />
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M
<br /> <br /> Merci Marcel<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> Beaucoup d'émotions à la lecture de ta prose. A chaque lecture je plonge dans un ailleurs qui me permet de m'évader quelques instants et cela m'aide pour vivre certaines journées un peu<br /> tristounettes.<br /> <br /> <br /> Merci pour ces bons moments.<br /> <br /> <br />  <br />
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M
<br /> <br /> Contente de te retrouver Roselyne. Je te souhaite plein de fleurs dans ton jardin. Ici nous allons vers le printemps.<br /> <br /> <br /> <br />