Roses de Picardie

Publié le par Monique MERABET

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(Photo isabel)

 

ROSES DE PICARDIE

 

 

 

Bouquets des fleurs de Plouy, venus tout droit du jardin d’isabel. Elle me les a envoyés hier ! photos de réconfort, de je pense à toi… La photo est prise dans la salle à vivre de leur maison lumineuse : transparence du verre et la brillance des feuilles.

Si j’étais peintre… comment ferais-je pour rendre cette beauté, cette illumination ? Quelles teintes choisir ?

Mais je ne suis pas peintre et mon jeu de « alon fé sanblan » n’est que pure fiction. Toute ressemblance avec… etc.

Je regarde l’image, enfant sage… ne toucher à rien. En respirer seulement l’odorant souvenir, celui de cette pièce où j’ai posé quelques pointillés de ma parenthèse d’automne. Je reconnais les tableaux au mur, le bois de la table… et je suis bluffée par la facétie de cette rose (réelle) qui s’est intégrée à la peinture : portrait de femme dont il ne reste qu’un regard émergeant d’un tutu de pétales.

Je m’imagine et – en imagination tout est possible – je deviens cette peintre inspirée, trempant son pinceau dans un rayon de soleil ou dans la transparence de l’eau. J’intitulerai mon œuvre : « La rose du tableau » ou - c’est mieux – « Tableau à la rose ».

 

Petite cuillère

l’odeur du sucre de canne

avant le café

 

Plouf ! Reviens donc un peu dans l’écriture, petite faiseuse de haïkus ! Saurais-tu, sauras-tu, dire en trois lignes, toute la magie de cet instant- photo ? Sauras-tu juste transcrire ce que tu as ressenti sans te prendre la tête à construire un haisha…

 

Ah ! Tu vois… Peindre avec les mots, ce n’est pas plus facile que de peindre avec des couleurs. Et tu auras beau changer de stylo… la peinture à l’huile, c’est plus difficile, mais c’est bien plus beau que la peinture à l’eau dit la ritournelle… rien de semblable pour l’écriture.

Non ! Il faut s’y mettre courageusement, en se posant les bonnes questions :

Comment exprimer la transparence ? Heu… en utilisant le mot « transparence » ?

Comment exprimer surtout la grâce de cette rose buissonnière qui s’est détachée du bouquet pour se poser sur le tableau ? Là, tu ne t’en sortiras pas aussi facilement. Le mot « grâce » n’est-il pas trop abstrait et, de surcroît, trop imprécis ?

Et comment y inclure ton souvenir, ce rétro voyage vers ce que tu as vécu là en Octobre ?

Te voilà perplexe, au bord du défaitisme, de l’à quoi bon essayer, de la pirouette mentale : laisser la rose aux roses et aller arroser ton jardin.

Mais tu sais bien que tu n’abandonneras pas aussi vite, que tu regarderas encore et encore ce petit miracle de photo… N’as-tu pas fait un tirage papier déjà ? Lumineuse et transparente. Oui, tu l’as déjà dit !

 

Le bouquet de Plouy

une rose s’est posée

au portrait du mur

la transparence du vase

pour m’en faire souvenir

 

Allez ! Que celui qui n’a jamais séché sur un haïku/tanka donne le premier coup de gomme.

 

(Monique MERABET, 15 Juin 2013)

Publié dans Haïbuns

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P
<br /> J'adore tes monologues intérieurs !<br /> <br /> <br /> Et oui, les haïkus/tankas ont malheureusement leurs limites, mais c'est pour ça que la poésie et qu'elle nous offre des formes et des genres illimités pour nous exprimer ! Tout dépend du sujet,<br /> du moment et surtout de l'inspiration !<br />
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M
<br /> <br /> Merci Patricia<br /> <br /> <br /> Je suis bien d'accord avec toi. La poésie est multiforme et je n'hésite pas à choisir celle qui colle le mieux avec ce que j'ai à dire.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Tiens ! Moi aussi, j'ai reçu des roses (mais en chair et en os, pas en photo) du jardin d'une amie - et moi aussi, j'ai essayé (en vain) d'en tirer un haïku. Je trouve très intéressant que, dans<br /> ton haïbun, tu partages avec nous ton processus d'écriture. Et je me garderais bien de donner quelque coup de gomme que ce soit !<br />
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M
<br /> <br /> Merci Monika<br /> <br /> <br /> Cela dit, quand un sujet est trop riche (trop plein), il est difficile de l'exprimer en haïkus.<br /> <br /> <br /> <br />