Dimanche, on tourne... les pages (45)
CES LIVRES VITE REFERMÉS
On tourne les pages… Bon sang ! Quand commencera-t-elle cette histoire ? On guette un signe, un élan. En vain.
Des fragments, des petits bouts de documentation animalière. Pas d’intrigue, pas de personnages. Que font les rennes après Noël ? Je ne le saurai jamais. J’ai arrêté de tourner les pages.
Le livre a été primé « Livre Inter 2011 », un prix décerné par des lecteurs. Ils n’ont pas décroché, eux… Ils ont tout compris. Pas même un bâillement étouffé. « Voilà, je vous donne ma doc, ô lecteurs sachant lire. Faites-en ce que vous voulez. », a dit l’auteur.
Je reviens d’un atelier d’écriture. On nous a répété que le lecteur était intelligent. Je ne comprends pas.
On nous a aussi bien conseillé de ne pas ennuyer, de commencer de façon active, de bien écrire afin de passer le barrage d’un Comité de Lecture éditorial, ceux qui ont toujours raison, ceux qui ne vous publient pas si vous mettez trop d’adverbes, d’adjectifs, si vous laissez le lecteur (si intelligent) dans le flou. Je ne comprends pas.
Ah si ! Il paraîtrait que lorsqu’on a réussi à décrocher son premier contrat d’édition (chez Gallimard ?), après on peut tout oser. Olivia Rosenthal a publié huit fictions aux Éditions Verticales. Des contes à dormir debout ?
Je ne sais pas. Je ne saurai jamais. J’ai refermé le livre avant le mot FIN… qui ne figure pas dans le livre d’ailleurs. J’ai vérifié.
Mon stage de Perfectionnement d’écriture m’a appris que je n’étais pas un écrivain compétent. Serai-je aussi lectrice incompétente ?
Ce matin j’ai ouvert « Angle mort » d’Ingrid Astier : un thriller. Celui-là, je ne le refermerai pas avant la fin, même si le genre policier ne figure pas parmi mes lectures de prédilection. L’écriture en est délectable. Il y a une histoire, un univers d’écrivain. J’en reparlerai certainement.
Petite confidence : à le lire je me sens redevenir lectrice, intelligente.
Ce matin, un chat noir et blanc, à tête de jouet, vient illuminer mon dimanche. Il se pose au coin de la maison. Il pose. Il attend que je vienne le photographier.
- Bonjour. Est-ce que tu sais parler ?
Il ne daigne pas me répondre. Je sais qu’il le fait exprès. J’ai lu – Kafka sur le rivage de Murakami, je crois – que les chats parlent parfois. Á qui ils veulent.
Á moi, il ne veut pas.
Le chat est un animal très littéraire.
(Monique MERABET, 24 Novembre 2013)