Dimanche, on tourne... les pages 14 (3)
QUAI DES ENFERS
(Ingrid ASTIER)
Cet ouvrage thriller que j’ai pris plaisir à lire et que j’ai négligé de chroniquer… depuis plus de deux mois…
Et puis, ces haïkus au fil de la Seine, découverts sur un blog ami : http://www.papillonsdemots.fr/2014/02/05/haikus-au-fil-de-leau/
Arches vert-de-grisées
le soleil joue sur la Seine
verte puis grise (extrait de papillons de mots)
Belle introduction pour ce livre qui nous emmène sur le fleuve capital, à suivre les activités de la Brigade Fluviale.
Ah ! La Seine ! Dans cet ouvrage, elle nous est offerte dessus-dessous, dedans-dehors, suivant les nécessités d’une enquête pleine de suspense et de mystère.
J’ai fait la connaissance d’Ingrid Astier lors d’un atelier d’écriture qu’elle a animé avec quel brio ! à la Bibliothèque Départementale de la Réunion en Novembre 2013.
Ingrid est un personnage solaire, amoureuse d’écriture et ses talents de professeur ont ouvert la porte à l’envie d’entrer en littérature, à se donner le temps d’écrire avec conscience et avec joie. Construire une page après l’autre, sans se laisser entraîner à la facilité des mots, toujours garder un œil critique sur ses écrits (rôle dévolu à « la main gauche » toujours levée, toujours attentive) ; aimer ses personnages, leur faire prendre corps et âme, leur faire habiter un lieu aussi précis et vrai que possible.
Ces conseils ne sont pas uniquement prodigués pour les besoins pédagogiques d’un atelier à destination de futurs écrivains… Ingrid Astier se les applique à elle-même avec une rare maîtrise. Et le plaisir que l’on prend à lire « Quai des enfers », en est sublimé : on y retrouve toute cette magie de l’écriture capable de créer un monde.
Je m’étais dit « le policier, ce n’est pas mon genre préféré », moi qui suis peu habituée aux polars modernes que je juge souvent trop gore, trop sanglants : c’est à qui ira le plus loin possible dans le scabreux !
Rien de cela dans « Quai des enfers ». La langue d’Ingrid Astier est riche, imaginative et jubilatoire, sans jamais basculer dans le trivial ni la complaisance. Il y a des scènes dures, horribles : un récit criminel ne baigne pas dans l’eau de rose… Mais la grâce des mots bien choisis, bien tempérés, permet de supporter la violence des situations. Je n’aurais jamais cru pouvoir endurer le récit d’une dissection de médecin légiste… et pourtant je l’ai lue sans traumatisme ni morbide fascination avec la distanciation nécessaire qu’apporte l’écriture.
Quant à l’intrigue, menée tambour battant, elle tient en haleine jusqu’au bout : une des rares fois où j’ai résisté à l’envie d’aller voir la fin en cours de lecture !
Comme j’ai eu raison ! La révélation du coupable est… décoiffante ! Mais… chut ! On n’en dit pas plus : suspense, suspense !
Tout ce que je peux faire pour vous, lecteurs, c’est de vous recommander d’aller vous plonger dans ce « Quai des enfers » diaboliquement haletant.
(Monique MERABET, 9 Février 2014)