Haïbun au fil de l'eau

Publié le par Monique MERABET

Haïbun au fil de l'eau

HAÏBUN AU FIL DE L’EAU

(Mais est-ce un haïbun ?)

 

 

Premier Février

pour la première fois

un lézard me regarde

 

Matin de gouttes. Je me demande, en ouvrant les volets, quelle sera la merveille du jour. Peut-être justement, cette minuscule goutte qui pend à la large feuille de l’arbre à pain ?

Attirance de l’eau qui me remplit de joie. Une affinité substantielle avec cet élément : mon corps n’est-il pas constitué de 60 % d’eau ? Enfin, sûrement beaucoup moins en cette saison de continuelles suées.

La micro balade d’hier autour de la pièce d’eau du Jardin de l’État. Celle aux lotus… Au bord de l’eau tout m’est sensation, tout m’enchante, tout me retient.

J’ai fait le tour à petits pas sur le large rebord de pierre. Je pourrais tomber ? In vië moune la kalbïte dann fon basin, la mor noiyé… Je me fais peur en mettant un peu de piment à ma déambulation.

Je resterais là pendant des heures, fascinée par les mille facettes du monde aquatique. Des heures… mais je dois me contenter de l’éternité incluse dans de trop brefs instants. Je quitte à regret le fil de l’eau, happée par d’autres nécessités incontournables.

Le chemin du retour… Combien ont dû s’étonner de voir la petite dame avec son drôle de petit chapeau en toile (celui de maman, ô passant !) s’arrêter soudain, sortir crayon et carnet rouge pour y inscrire une mystérieuse pensée. Les haïkus se forment et se précisent au rythme de mes pas.

Les voici, en vrac !

 

balade haïkiste

l’abeille dans le silence

des lotus

 

1, 2, 3, 4, 5,

corolle entrouverte

compter les abeilles

 

le temps d’un feu rouge

mandala

d’une graminée

 

est-ce l’abeille ?

est-ce le vent ?

frémissement de lumière

 

les ombres glissent

au toboggan

des pétales

 

sans jets d’eau

le bassin du Jardin de l’État

vieil étang

 

balancement

l’abeille prend son temps

au giron de la fleur

 

l’erre des poissons

le vent sème mes initiales

m m m m m m

 

ces frissons sur l’eau

sous l’énorme sang-dragon

il fait du taïchi

 

ni l’abeille, ni moi,

ne nous lassons des lotus

 

(Monique MERABET, 1er Février 2014)

 

Publié dans Haïbuns

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M
Moi non plus je ne me lasse pas de l'observation des lotus et nénuphars. J'ai eu le bonheur il y a quelques semaines d'admirer pendant un joli moment les Nymphéas de Monet à l'Orangerie à Paris. Assise dans la salle d'exposition, au bord des tableaux, j'ai cru être partie en promenade dans un jardin ...<br /> Sinon, est-ce le thème du concours de l'Iroli, nous avons toutes les deux été inspirées &quot;au fil de l'eau&quot; : http://www.papillonsdemots.fr/2014/02/05/haikus-au-fil-de-leau/<br /> J'aime beaucoup tes haïkus.
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M
Très positive cette promenade...
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M
Les scènes aquatiques m'inspirent toujours.