Jeux d'ombre et de lézard

Publié le par Monique MERABET

Jeux d'ombre et de lézard

JEUX D’OMBRE ET DE LÉZARD

 

 

 

Mon haïku d’aujourd’hui sera jeu d’ombres et de lézards. Je ne me lasse pas de leur vert pétard, presque irréel ; comme je ne me lasse pas du rose flashy des belles de nuit pas encore entièrement refermées, maraudant un peu de la belle lumière de ce matin.

Mon haïku d’aujourd’hui s’inspirera du lézard « poussière d’or » (à cause des petits points jaunes de la queue), perdu dans l’ombre protéiforme d’un cactus ; il ne sait plus démêler sa réalité en trois dimensions de la virtualité en deux dimensions de la projection du cactus (vert lui aussi, mais l’ombre ne le dit pas) sur la surface rebondie d’un pot en terre cuite.

Non ! L’ombre ne dit pas tout ; elle se cantonne à une tache plus sombre se détachant sur un fond lumineux. L’ombre n’existe pas sans la lumière dont elle est le négatif.

Pourtant, ne dit-elle pas l’essentiel, la forme… qui circonscrit l’espace en une image que je peux reconnaître. Ce qui reste lorsque les yeux ne différencient plus les couleurs.

Elle est facétieuse aussi, l’ombre. Elle s’évertue à déformer la réalité, à la rendre autre. Aïe ! Et mon haïku, alors ? Dira-t-il la vérité objective, scientifique de l’observation ? Ira-t-il plutôt flirter avec l’inconnue d’une fausse représentation – mais vraie quand même – que vient imposer à la rétine un arrangement de photons ?

Et que sera mon écriture, sinon une autre projection subjective (une abstraction) que me renverra mon magasin à sensations ? Nos sens puisent toujours au fond de cette part inconsciente que nous avons engrangée le temps d’une existence.

Temps si court, à l’aune de nos désirs de longévité qui se brisent sur l’effritement des années déjà parcourues… comme si c’était hier.

Temps infini d’instants, vertigineux plongeon au cœur de l’intemporalité de la Vie.

 

Ah ! Le haïku ! Enfin, quelques essais…

 

Le lézard vert croit

échapper à mon regard

l’ombre du cactus

 

Oui, je sais… je suis en plein délit de personnification. Mais, pourquoi pas ? Je me targue de communiquer avec le lézard comme avec les fleurs… même s’ils ne le savent pas.

 

ombre du cactus

dans les ramifications

un lézard se perd

 

C’est mieux ? Ramifications… ça grince un peu, non ?

 

Un lézard vert

se perd dans l’ombre

du cactus

 

Plus simple… et donc meilleur.

 

(Monique MERABET, 13 Février 2014)

 

 

Publié dans Haïbuns

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D
Je les aime bien tous, ces haïkus. Ma préférence va plutôt au deuxième.
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M
Merci Danièle. Le deuxième est de facture plus "classique"
M
J'aime beaucoup le premier aussi !
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M
Merci Patricia
M
Le premier jet est beaucoup plus naturel et il possède une césure...
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M
Merci de ta vigilance Marcel. La césure, elle est primordiale!