Le printemps aussi

Publié le par Monique MERABET

Le printemps aussi

LE PRINTEMPS AUSSI

Matin d’équinoxe

le bleu du ciel a foncé

encore l’été

Le printemps, c’était hier. Á 16h57, heure de Paris. 19h57, ici. Le jour un petit chouia plus court que la nuit. Non, je n’ai pas la berlue, ô kigoïstes du Nord, campés sur votre petit bout de lorgnette, sur vos certitudes que les jours rallongent au printemps.

Moment de réflexion…

Mais alors, mais alors, ici à la Réunion, ce n’est pas le printemps ! me direz-vous ; tu as tout faux, ma fille… Vous êtes en automne, dans l’hémisphère Sud.

L’automne, la fin de l’été… non, je ne ressens pas les choses ainsi. Et allez donc demander à tout ce qui pousse, germe, croît autour de moi. Allez demander aux petites fleurs pastel qui vont bientôt fleurir jardinières et balcons : pensées, lobélias, pétunias…qui vont bientôt s’épanouir en nos jardins rafraîchis. Allez demander aux coquelicots que je sèmerai bientôt… si l’automne vient d’arriver.

L’avocatier d’en face me fait un clin d’œil malicieux. Qui lui comptera les feuilles jaunies qui tombent en toute saison, qui le verra dépouillé, nu comme un platane, comme un zévi, les presque seuls arbres d’ici à suivre un aberrant chemin nordiste de sève ? Quant à l’arbre à pain, il continuera à larguer sa cargaison de feuilles sèches ni plus ni moins bruyamment que d’habitude.

Oublier mon dos

trois petits trous

à la feuille morte

Amis kigoïstes, souffrez que je l’appelle printemps, cette saison ou mon corps trouve un regain de vitalité après l’engourdissement des jours de canicule, où l’eau de mes cellules redevient rivière intérieure, irriguant mes fibres au lieu de suinter à mes pores.

Renouveau. J’aime le printemps et le souvenir des primevères qui embellissaient si spontanément mes printemps de Provence.

Violettes péi

en quel printemps

fleurissez-vous ?

(Monique MERABET, 21 Mars 2014)

Publié dans Haïbuns

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M
J'aime beaucoup cette approche tout en équilibre : le fleuve de la vie ne meurt jamais, je l'espère.
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M
Merci Marcel. Pour le fleuve de la vie, nous ne saurons pas ce qu'il en sera. Alors, on peut tout espérer.