Peuples des nuages
PEUPLES DES NUAGES
Retour du soleil
la tourterelle médite
au bord d’une flaque
Les peuples des nuages ne craignent qu’une chose : finir en pluie. Il est des mondes fragiles…
Ma joie à écouter le grain de cette nuit, leur accorde une pensée reconnaissante.
Chant d’allégresse pour la terre qui s’abreuve, bénédiction. Chaque goutte, pourtant, est une âme qui passe, une étincelle de vie que les feuilles parfois tentent de retenir.
L’o su fëy sonj
guète le dérnié koudzië
in zékli nuaj
Feuilles emperlées
d’un fragment de nuage
le dernier éclat
Parfum de l’eau qui imprègne les feuilles tombées, de végétal transmuté. Y aura-t-il des champignons sur le tronc pourrissant ?
Les peuples des nuages sont fiers de féconder la terre, celle qui palpite et qui respire, celle qui abrite un entrelacement de lombrics affairés, celle des escargots qui processionnent à la moindre rosée.
Les peuples des nuages aiment moins l’imperméabilité du macadam…
tout l’univers d’un nuage
concentré sur le béton
Une herbe a poussé sur le toit du garage. Combien de bourgeons à l’arbre à pain ?
(Monique MERABET, 29 Décembre 2014)