Vient de sortir... 1
Un conte en créole réunionnais de Monique MERABET
LA TIZANE MANMZEL KALINE
... La rencontre improbable entre Kaline, une arrière-arrière-arrière... petite-fille de Granmèrkal, et de Madame Alowine. Cela risque d'être... explosif!
Je ne vous en dis pas plus!
Les illustrations sont de Huguette PAYET
et l'adaptation en français de Joëlle BRETHES
Le livre a été publié par ARS TERRES CRÉOLES
Et pour ensavoir plus sur mes motivations:
(Monique MERABET)
Conteuse occasionnelle au sein de l’Association Laféladi, j’ai découvert le bonheur de « faire briller les yeux et les oreilles » des enfants par la seule grâce de la parole, du rakontaj zistoir.
Faire naître leur curiosité, les tenir sous le charme d’une formule magique, les faire rire aussi… voilà le but à atteindre et, malheureusement mes modestes talents n’y réussissent pas toujours.
Raconter c’est aussi, bien sûr, transmettre un héritage culturel puisant dans les légendes et mythes fondateurs de nos civilisations. Du moins à l’origine car, aujourd’hui, cette mondialisation détournée de ce qui pourrait être un idéal d’élargissement aux cultures autres, ne laisse aux hommes que les fruits secs du consumérisme ou la platitude de l’uniformisation « à la Disney ». Sans compter les dégradations de plus en plus irréversibles de notre planète de vie.
Dans ces conditions, conter relève alors de la nécessité de rendre compte des trésors menacés qui nous environnent. En tout cas, j’en ressens l’urgence dans le microcosme réunionnais de cette île qui perd chaque jour un peu plus de son âme. Béton… Béton… Béton.
Alors je raconte, je dis… ces fragiles merveilles de la faune et de la flore… à préserver.
Je raconte, je dis… ces modes de vie devenus archaïques, ces valeurs qui animaient nos ancêtres dans leur difficile combat pour la survie.
Je raconte, je dis… ce créole dans lequel a baigné mon enfance, ce langage si inventif qui s’enrichissait jour après jour d’expressions nouvelles adaptées aux réalités du moment : expressions savoureuses – lo gou péi oté ! – qu’il est souvent difficile de traduire en Français, tant elles sont uniques. Ah ! le plaisir de trouver les intonations d’antan pour faire rouler sur ses lèvres ce créole qui s’est forgé aux péripéties du peuplement pluriel de l’île, cette langue « coulée » aux grègues de nos grand-mères, cette parolie à la fois gagnante et perdante d’être restée longtemps au stade de l’oralité.
Créole Gagnant car il a pu librement se transformer et évoluer sans être freiné par un carcan académique trop rigide.
Créole Perdant parce qu’il n’a pas été transmis en continu aux jeunes générations.
Mon enfance de petite réunionnaise des Hauts s’est imprégnée d’une sorte de « bilinguisme naturel » : le Créole pour la maison et la vie sociale, le Français pour l’école et la vie administrative. Et puis dans beaucoup de familles on a pris le raccourci du « Tout en Français »… dans le noble souci de ne pas pénaliser l’avenir des enfants. Je m’insurge contre cette croyance erronée, que parler créole gênerait à l’apprentissage du « bon » Français ! Je ne pense pas avoir été pénalisée en quoi que ce soit pour avoir pratiqué et pour pratiquer couramment le Créole…
Toujours est-il que la langue des réunionnais a perdu aujourd’hui de ses fondamentaux issus de la vie rurale d’autrefois. Souvent dans les cours de récréation on n’entend plus qu’un créole très pauvre fait de mots français déformés… quand cela ne se limite pas à quelques expressions des plus grossières.
Mon propos n’est pas de porter des jugements ni de chercher des coupables. Les choses sont ce qu’elles sont et l’on ne reviendra pas en arrière.
Je crois seulement que j’ai un « devoir », celui de ne pas laisser se déliter ce patrimoine culturel si précieux et que raconter en Créole est un moyen bien agréable de contribuer à sa transmission.
Je crois aussi qu’il est utile sinon indispensable de l’écrire pour en assurer la pérennité.
Akoz saminm mi rate pa lokazion ékrir mon bann zistoir an Kréol.
(Monique MERABET)