La deuxième chaussure

Publié le par Monique MERABET

La deuxième chaussure

LA DEUXIÈME CHAUSSURE

Sa main dans la mienne

Qui a construit ces arbres ?

Demande Héloïse (in 3 feuilles sur la treille éditions L’iroli)

Ce sentier « vers la Roche écrite » emprunté sur une courte distance. Juste le temps de cueillir quelques goyaviers, de ramasser quelques feuilles vernies d’écarlate. Le temps de répondre (ou plutôt de ne pas répondre) à la question d’une petite fille de 7 ans.

Je me souviens du premier radier rencontré, le bourbier laissé par le minuscule torrent charriant l’eau d’une récente pluie, l’attention apportée pour le traverser : ne pas déraper, ne pas s’embourber, ne pas trop maculer mes chaussures.

Et la rencontre : le crapaud à mes pieds, nous deux immobilisés, aussi surpris l’une que l’autre.

Voilà pour le vécu… et le haïku de « Au bout de l’index »

La boue du chemin

Un petit crapaud surpris

Face à mes baskets

Haïku illustré par Irène Dulac. Découverte… « Oh ! Où est passée ma deuxième basket, Irène ? »

Commentaire de l’illustratrice : elle a voulu adopter la vision du crapaud qui, bien entendu n’a jamais vu qu’au dessus, il y avait mes jambes et… loin, plus loin, mon regard. « Et », dit-elle, « j’ai mis la basket à l’échelle du crapaud, aussi petits l’un que l’autre »

« Aussi petits » ou plutôt « aussi grands » puisque crapaud et chaussure occupent la page à eux seuls.

Là encore, force d’une image qui donne un éclairage particulier au texte. Mes stagiaires-écrivains n’ont pas manqué de s’inspirer d’elle.

« Sur le trajet, la boue du chemin rendait le parcours difficile. Au fur et à mesure que j’avançais sur le sentier, je m’enlisais de plus en plus, jusqu’à en perdre mes chaussures. » Voilà pour l’unicité de la chaussure.

Mais allons plus loin. La chaussure étant placée à égalité d’importance avec le crapaud, elle devient un élément du conte.

Alors, les baskets s’adressèrent à Gradus :

« Petit crapaud, au long de ce chemin glissant, ne te sens-tu pas trop seul ? Ne vois-tu pas ces dangers qui t’entourent ? Ne serait-il pas plus judicieux d’avancer ensemble ? »

Haïkus et illustrations sont complémentaires.

(Monique Mérabet, 15 Octobre 2015)

NB: la lumière qui se reflète au-dessus du crapaud n'est que l'aide fortuite accordée par l'ange qui passait ce jour-là...

Publié dans événements15

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D
Tu nous entraînes sur de sacrés sentiers, Monique ! "Au bout de l'index" est un livre ravissant. Bravo !
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M
Merci d'avoir suivi mes sentiers (même boueux), Danièle!