Le chat à sa fenêtre

Publié le par Monique MERABET

Le chat à sa fenêtre

LE CHAT À SA FENÊTRE

Je feuillette « Au bout de l’index » ; une à une les illustrations défilent. Il y en a toujours une pour retenir mon attention, pour un questionnement.

L’illustratrice a choisi les haïkus qu’elle souhaitait illustrer. Pour celui à la cétoine (page 9) elle a retenu :

La fenêtre ouverte

Accrochée à mes rideaux

Brille une cétoine

J’essaie de deviner la motivation de l’artiste derrière chaque dessin ; à chaque fois, il y a une interprétation, un point de vue, un angle décalé par rapport à l’écriture.

Ainsi pour ce haïku, je m’étais inspirée d’une cétoine qui cherchait désespérément à sortir de la pièce par une fenêtre close alors qu’à côté une autre fenêtre s’ouvrait largement sur la liberté. Les guêpes ou les oiseaux aussi agissent ainsi, cherchant l’issue où elle n’est pas, se laissant prendre à l’illusion d’une transparence.

Et la fenêtre ouverte du haïku devient fermée sur l’image. Non-dit de mon tercet qui amène à une réflexion logique de l’illustratrice : puisque la cétoine est accrochée au rideau, c’est qu’elle ne peut pas sortir, c’est donc que la fenêtre est fermée…

Mais le dessin d’Irène peut aussi suggérer cette fausse apparence qui leurre l’insecte. Ouverte ou fermée, la vitre donne l’impression d’une ouverture. Qui ne s’est jamais cogné à la rigide transparence d’une baie vitrée ?

Mais peut-être aussi, ai-je mal interprétée l’intention de la cétoine. Peut-être ne souhaitait-elle pas sortir ? Elle voulait juste m’offrir la parure de sa carapace de « bébête d’argent » comme on dit en créole.

Fenète gran rouvèr

Bébète larjan konm inn brosh

Kroshé sï rido

Avez-vous vu comme elle illumine jusqu’aux arbres du jardin ?

Et le chat posé sur le rebord ? Sorti tout droit de l’imagination d’Irène qui pensait à son chat? Élément clandestin extérieur au haïku. Et pourtant… Depuis quelque temps, les chats des voisins viennent souvent hanter mon jardin, squattent mes coussins, le paillasson, etc. Ils guettent les oiseaux, les lézards, les araignées qui fréquentent ma véranda. Aurai-je mis malgré moi un peu de ces félins envahissants en filigrane dans mon écriture ? Image subliminale glissée à travers les mots ?

Quoi qu’il en soit, le personnage du chat est essentiel. C’est sa présence qui insuffle du mystère à la scène. Sans sa méditation devant la fenêtre ouverte/fermée, me serais-je posé autant de questions ?

Mettez un chat dans vos haïkus.

(Mnique Mérabet, 20 Octobre 2015)

Publié dans événements15

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Quand je me promène, je suis étonnée de voir souvent un chat derrière les fenêtres. Ils adorent se poser sur un poste d'observation, à l'insu du monde. Et puis, elle est trop tentante, cette cétoine !
Répondre