Retour de sieste
RETOUR DE SIESTE
Paupières closes
Ronronnement de la clim
S’endormir en plein vol
Voyage en Ailleurs… Pays d’endormissement dont je n’ai gardé aucun souvenir. J’y étais si bien.
Mes sensations me reviennent graduellement.
Tout d’abord, poids d’un corps de femme, qui creuse ses sillons de draps un peu moites. Toucher : la main qui effleure, qui explore le grain de ma peau, le contour de mes yeux.
À travers la basse continue du climatiseur, je décèle le cri d’un oiseau, loin derrière les voets entrouverts. S’il avait plu, j’aurais entendu les gouttes tambouriner les larges feuilles de l’arbre à pain. Chant de l’eau, appel à la vie.
L’odeur un peu âcre de la sueur : mon odeur, ma présence emplissant l’instant du réveil. Le relent des arômes dont j’ai parfumé mon cari, plat oublié sur la table du déjeuner. La saveur qui traîne encore sur mes lèvres.
Je cligne les paupières, suspens, avant d’entrer à pleine rétine dans le décor familier de ma chambre : chaque meuble, chaque objet à sa place assignée.
Un rai de soleil tremblote au même rythme que le tissu bayadère du store. La porte bat doucement, clignotement de la vive lumière qui arrive par l’oriel de la cage d’escalier.
Dimanche d’été, sec et chaud.
(27 Décembre 2015)