Joli joli joli
JOLI, JOLI, JOLI
Lendemain de Pâques
il a déjà pâli
le cardinal
Comme si les jours heureux s’étaient enfuis à jamais. Comme si toute potentialité de joie s’était néantisée.
Et pourtant, ces si jolis petits nuages. Joli/Joie. Des mots de la même famille ? Le rapprochement m’apparaît soudain évident. Joli, c’est ce qui porte la joie au cœur : une jolie fleur pour le ravissement des yeux, un joli mot pour l’ébahissement de l’esprit.
Et la joie est ce qui rend joli, qui embellit. L’amour, l’espoir qui remplit le cœur fait pétiller le regard ; on ne voit plus que lui, transfigurant un visage. Les visages heureux sont photogéniques, porteurs de lumière.
Octave de Pâques
le soleil a changé
de saison
Pâques / l’amaryllis se penche / vers la lumière… dit le haïku de Danièle. Joie de Pâques. Joie du printemps ou de l’automne. Comment ne pas croire aux saisons ?
Joie des oiseaux qui appellent le riz. Ce sera du pain aujourd’hui, avec un petit nuage de moisissure blanche. Duvet. Blancheur comme celle des fleurs de buis ou de caféier. Ô mon jardin de neige-joie !
Pétales semés d’un dimanche de Fête Dieu. Le jardin est toujours reposoir pour les papillons et pour les anges. Les deux portent des ailes. Et les papillons ne sont-ils pas les anges gardiens des fleurs ?
Humus remué
au pied de la citronnelle
une chrysalide
Joie du cocon qui se déchire en un battement d’ailes, de la coquille percée d’un coup de bec, libération du poussin pas même surpris ou du minuscule lézard vert ou gris. Apothéose de naître à la lumière.
Décliner mes « joli, joli, joli » en nuancier de joies. Le jardin est réceptacle de l’œuvre créatrice, un Eden en devenir.
Ce matin mi-lune blanche pour me faire signe par-dessus le manguier. Clin d’œil d’ange pour dire : « Je suis là ; je veille. »
Comment ne pas croire à la lune et au salut enjoué des oiseaux ? Applaudissement d’ailes à la joie du jour nouveau, de ces heures de tout et de rien.
Balcon
glissée entre deux ferrures
silhouette de tourterelle
(29 Mars 2016)