Le printemps n'est pas pour demain
LE PRINTEMPS CE N’EST PAS POUR DEMAIN
Cri perçant
la bourrasque m’arrache
le volet des mains
La chambre remplie de vent et de nuit ; il fait frais sous la couverte.
Le printemps, ce n’est pas avant la mi-octobre, dit la radio ce matin, aux informations locales. « Ne rangez pas encore pulls et bonnets »
Bonnets ? Moi, j’ai plutôt froid aux pieds. Trois degrés en dessous des normales saisonnières. J’aime ce concept sophiste de « normales » qui sont calculées, justement, en intégrant tous les dépassements du passé.
Et vous les oiseaux ? Trouvez-vous que le riz du matin est plus blanc, moins blanc, plus abondant, moins abondant que celui servi à l’équinoxe austro-vernale de l’année dernière ? Imputez-vous les éventuels changements au « réchauffement climatique », au vent frisquet du faux printemps de Septembre ?
Comme un papillon
aux ailes ocellées
ombre du feuillage
Oups ! Même l’ombre s’est envolée, le temps que je prenne mon appareil photo. Monter seize marches. Tenir bon la rampe. Descendre seize marches. Tenir la rampe. Tu as refermé la porte ? Remonter seize marches. Tenir la rampe. Redescendre seize marches. Tenir bon la rampe. Ne reste qu’un toupet de feuilles au mur.
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée. Mais quand elle se contente de battre entrées et sorties, le cœur suit et la vie s’éparpille, déconcentrée. Gestes mécaniques. Répétitions et ne plus savoir soudain ce que l’on fait là, un matin d’équinoxe que ne suit aucun printemps. Demain, peut-être. Ou l’automne… pas ici, pas la bonne saison.
Soleil revenu
l’ombre ne ressemble plus
à un papillon
(21 Septembre 2016)