Histoire de thé
HISTOIRE DE THÉ
Bribes de conversation, entrebâillement d’un volet, la lumière bleue de la télé ou d’un aquarium, clins d’instant qui permettent d’accrocher une lueur d’évènement chez le voisin.
Ouvrir ses volets juste à l’instant où… Qui sont ces gens ? Le fils, la belle-fille et le petit-fils ? Ils ont demeuré là, en face, sans un mot, sans un cri, sans un rire ; ils s’en vont aujourd’hui ? Ou bien n’est-ce qu’une excursion à faire en famille, grand matin : le volcan toujours en activité ?
Et le père, pourquoi n’est-il pas avec eux ? Il dort encore, déjà parti au travail, fâché avec les autres… rayer la mention inutile.
Je ne connais pas les voisins. Juste un nom oublié, Bonjour… Bonsoir. La femme, pas l’homme : lui passe au volant de sa voiture, sans un hochement de tête pour saluer.
Conditions réunies pour en extraire une histoire, un épisode d’un roman qui n’aura pas lieu… quand l’inspiration intérieure se fait chiche.
Bol de thé brûlant
Contre la toux – suffisant
Pour un haïku
Hum ! Pas même un haïku. Le rhume qui met du coton dans les idées. Si peu de temps pour écrire et devoir composer avec la fatigue qui freine le flux des mots, si lourds à retrouver, à extirper de la mémoire alanguie qui perd le fil.
Triangle de lumière
Réapparu au mur
En forme de chat
Tiens ! Depuis ces pluies de nuit, je ne vois plus guère de chats. Pendant ce temps-là, le temps suit son cours, ajoute une saison à une autre sans se soucier de tourner en rond. Bis repetitat, il ne s’en glorifie pas, n’en a pas honte non plus. Toujours le même sillon, creuser des rides à mon bras. L’été finira bientôt.
Un écrivain doit-il forcément viser l’originalité ? Pourquoi inventer ? Pourquoi ne pas prendre ce qui est, ce qui vient.
Ma tasse ébréchée
Prendre le thé
Sans cérémonie
(22 Février 2017)