Entre pluie et vent
ENTRE PLUIE ET VENT
Des belles de nuit
au deuxième jour de gris
je ne vois plus trace
Mon cœur a battu trop fort
est-ce le vent ou la pluie ?
Tendre l’oreille au bruit des gouttes tombant du toit. Sur ma photo du matin, l’éclat doré d’un nuage. Doucement, le feuillage de l’avocatier s’agite.
Piaillements des moineaux découvrant le riz. À qui le tour ? Sous la pluie, ils restent immobiles, malgré mes éternuements.
Ploc ! Une goutte sur ma tête, une goutte sur le cahier, diluant l’encre bleue. Et la tiédeur du café sur mes mains, dans ma gorge.
Matin d’hiver austral. De l’autre côté du monde pas encore réveillé, la canicule annoncée : matin d’été, bleu et sec.
Mes haïkus se passent volontiers de kigos. Ou alors, ils s’ingénient à tout mêler : gris/bleu, chaud/froid. Bien secouer, alizé ou mistral… Laisser mariner aux heures écoulées.
Tant de surprises à venir dans une journée ! Piak-piak des gouttelettes : une averse-farine luttant avec un rayon de soleil intermittent. L’air frais enveloppe mes pieds nus.
Tout ce que diront (diraient) mes haïkus de Juin. Parfois, on les sent là, les haïkus, en latence, prêts à surgir au bout de la plume. Ils bâillent, attendant le réveil d’une main qui les passera à l’encre : trois lignes, pas une de plus.
Après haïkus
la dernière gorgée
de café – froid
(9 Juin 2017)