Dialogue des carmélites
DIALOGUE DES CARMÉLITES
Psaume du matin
le premier commandement
petit déjeuner
donner du riz aux oiseaux
m’offrir un café chantant
Petit déjeuner — petit café plutôt — en solitaire, voué à l’écriture. Cela n’implique pas de « boire en prêtre » sans dialogue d’oiseaux.
Derrière mon paravent indien, je les écoute. J’ai souvent l’impression qu’ils me saluent, me remercient. C’est agréable de se sentir révérée : Notre-Dame des piafs, l’être une heure, une heure seulement…
Vaine prétention, à l’instar de cette dame faisant une retraite chez les carmélites ?
Les fils de son existence soudain embrouillés, elle aspire au calme, au retour en soi afin de retrouver un chemin de lumière… le Carmel l’accueille, lui offre son ambiance feutrée de silence et de prières.
Un matin qu’elle se trouve dans la chapelle déserte, elle voit arriver les carmélites, toutes voiles dehors qui se glissent à l’abri d’un paravent, cloître dans le cloître. La visiteuse ne peut s’échapper — ce serait impoli — et se rencogne dans la pénombre, se laissant bercer par la musique des voix s’élevant vers Dieu.
À intervalles réguliers, la flottille de cornettes se tourne vers elle et salue… Elle est étonnée — tant d’égards pour la mécréante qu’elle est ! — et se fend d’un raide petit salut gêné. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’elle s’était réfugiée au pied d’une statue.
(25 Juillet 2017)