Insomnie
INSOMNIE
Insomnie
pour ne pas rêver
du chat noir
la lune au matin
entamée
Être dans la nuit. Être la nuit. Comme ce chat invisible, frôlé près du bassin aux guppys.
Se sentir en estampe, un peu de gris se fondant à d’autres gris. Improbable selfie de dormeuse.
Obscurité que l’insomnie rend plus épaisse, palpable. Condensé de fénoir que les acouphènes accentuent.
Opacité mystérieuse de ces heures d’avant l’aube. Quelques cocoricos au loin… ou plus près. Désorientation.
Combien reste-t-il encore de ces poulaillers citadins ? Il n’y a guère, on pouvait croiser des bandes de volailles grattant la terre derrière les barreaux. Mais les cours lontan disparaissent — béton, béton, béton — remplacées par des cages à humains sans cocoricos. Parfois un cri dans la nuit cauchemar.
Ma nuit quiète sous la couvèrte légère — il fait chaud cette année pour un hiver — à me demander pourquoi ce réveil du corps, grignotement inutile du temps nécessaire au repos…
Et puis la rose du premier matin. Orange extraordinaire illuminant l’ordinaire d’une journée.
(13 Juillet 2017)