Roses de poètes
ROSES DE POÈTES
Café
à la surface naît
rose à cueillir
sans tarder
poète !
Face de chouette, yeux ronds, l’un plus petit que l’autre. Le temps d’un coup d’œil, il s’est délité. Trois petits tours — élan donné par la cuillère — un tsunami qui l’a propulsé vers la paroi de porcelaine. Choc, bouillonnement, disparition. J’ai bu le reste.
Une existence accomplie ? Si les étoiles nous observaient, c’est l’impression qu’elles auraient de nos vies brèves. Sans doute …
Sur le balcon, la rose orange toujours épanouie, juste un peu plus pâle de jour en jour — ô mes cheveux blancs — vers son destin de rose centenaire. Rien à voir avec celle de Ronsard :
Las ! Voyez comme en peu d’espace
Mignonne, elle a, dessus la place
Las ! Las, ses beautés laissé choir !
Les roses d’aujourd’hui seraient-elles plus résistantes au temps ? Durée de vie OGM allongée pour répondre aux attentes consuméristes. Offrez nos roses métissées (abâtardies ?) de molécules PVC pour une plus longue conservation, un amour éternel… maquillage de pacotille, argument de force de vente…
Lui préférer carrément la fleur tout plastique, l’illusion… comme celle qui pend au mur de ma chambre depuis vingt ans : bouquet de roses bleues. L’avantage avec l’artificiel, c’est qu’on peut choisir la couleur — même celle qui n’existe pas.
Lui préférer l’églantine, celle qui embaume les souvenirs. Les roses de Saadi de Marceline Desbordes-Valmore :
Ce soir ma robe encore en est tout embaumée
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.
(27 Juillet 2017)