Saisons d'Issa
SAISONS D’ISSA
Saisons d’Issa est un album réunissant 20 haïkus du poète Issa et magnifiquement illustré par Erlina Doho. Magnifiquement réalisé par les Éditions L’iroli.
Il a été retenu pour le Prix « Lire et faire lire » 2017. Plus de détails en consultant :
http://www.printempsdespoetes.com/index.php?rub=12&ssrub=55&page=273&Le-Prix
Comment parler des haïkus d’Issa ? Ils parlent d’eux-mêmes et il faudrait les commenter tous…
Comment dire avec quelle subtilité, Erlina Doho a illustré chacun des haïkus ? Là aussi il faudrait montrer, interpréter chaque haïga.
J’ai plutôt choisi de vous livrer des avis de lecteurs (après tout… avant-première des avis des lecteurs de Lire et faire lire) : les réactions à vif d’un groupe d’élèves de Sixième lors d’un atelier haïkus.
LA LIBELLULE D’ISSA
Le gros pamplemousse pays coupé en deux : cosmos géant pour moucherons ; ces bestioles vibrionnantes, venues d’on ne sait où, aiment l’acidité des agrumes. Elles colonisent les fruits et s’y reproduisent à grande vitesse.
Je ne sais rien du mode de vie d’un moucheron. Mystères de vie et de temps.
Hier, c’étaient les libellules du beau — du moins le pensai-je ainsi — haïku de Issa :
Les montagnes au loin
Dans les yeux de la libellule
Reflétées
Je l’ai lu comme un présent offert à mes jeunes élèves de l’atelier haïku : un groupe de « sixièmes » pleines de vivacité, de curiosité.
Les mains se lèvent — Ah ! Ils maîtrisent bien la prise de parole — les réponses fusent.
« Moi je pense que ce n’est pas possible de voir des montagnes se refléter dans les yeux d’une libellule… Elles bougent trop vite… Si on regarde l’insecte dans les yeux, on voit son propre reflet et pas les montagnes… »
Photo du pamplemousse
Les moucherons envolés
Pour la plupart
Elles ont raison mes petites chipèks ! Issa doit revoir sa copie, donc. Et me voilà prise en flagrant délit d’irrationalité. Je l’avais toujours trouvée (je la trouve toujours) poétique cette image — ces images, plutôt — de montagne dans les yeux à facettes ; j’aimais (j’aime) ce rapprochement de l’immense et du petit, cette miniaturisation d’un univers.
Mais, bon… « Ça se passe dans sa tête, Madame, pas dans la réalité. » Pan sur le bec de la « professeure de haïkus » qui vient de leur marteler « Restons dans le concret » !
Nous avons bien ri. J’ai promis qu’on enverrait une protestation à Issa.
« Vous allez vraiment lui envoyer ça, demande l’une. Mais non, s’amusent les autres, Issa c’est au XVIIIe siècle »
Je les rassure. On s’adressera à l’éditrice de SAISONS D’ISSA (paru chez L’iroli en Février 2017)
Ils ont bien aimé l’ouvrage que je leur ai présenté. « Je le mets dans les suggestions d’achat pour le CDI clame Ana. Cependant que son frère Matt le hume longuement.
Ah ! l’odeur
De « Saisons d’Issa »
C’est génial
Qu’aime-t-il ? L’odeur du papier, de l’encre d’imprimerie, du livre neuf ? Il a tourné les pages une à une, nous lit celui qu’il trouve joli (l’ombre au matin de printemps)… et me confie :
« Ça sent bon le livre de concession ».
Devant mon air éberlué, il explique aimablement : « la concession, là où l’on vend des automobiles. Quand on achète une voiture neuve, ils fournissent un livre avec » (manuel d’entretien ? catalogue ?) .Et la même odeur, naturellement.
Matt est fan de voitures.