Jeudi d'équinoxe
JOUR D’ÉQUINOXE
Jour de printemps
jour d’automne
j’écris
Jeudi d’équinoxe. Vos hirondelles sont parties. Je reste : zoizo péi, non migrante. Zarboutan (arc-boutant en créole) mon jardin que serait-il sans moi ?
Le printemps, lui non plus… si je n’étais pas là, il n’existerait pas. Ce poème qui me revient :
Quand de la vie sur la terre,
Libre, je porterai le deuil
J’emporterai tout l’univers
Dans les plis de mon linceul
Je deviendrai Dieu et maître
J’engloutirai le soleil
Les étoiles, tous les êtres
Pour un éternel sommeil
Vous flotterez oubliés
Comme une brume indécise
Des souvenirs effilochés
Par ma mémoire imprécise
Je ne vous laisserai rien
Aucun rêve, aucune pensée
Pas même l’ombre d’un chagrin
Rien de mon âme envolée
Présomption ? Impertinence ? Tellement vrai en même temps. Comme une lapalissade émergeant de mon engourdissement matinal, à moins qu’il ne soit automnal, avec quelque chose de hiémal ? Printemps, cependant.
Le monde n’existe pas sans moi — Ah ! La nuit toujours vécue comme éclipse — ou alors, estropié, mutilé, sans ce bruit de robinet mal fermé. Agaçant ? Non, plutôt stimulante, la clepsydre qui me dit que je suis.
Deux gros boutons au rosier : roses orange de petit prince. Et si je n’étais pas ici, si tu n’avais pas été là… tous ces brins d’amour qui n’auraient pu être tressés.
Toilette de printemps
du bec du moineau
tombe un duvet
(21 Septembre 2017)