Compter les fourmis
COMPTER LES FOURMIS
Compter les moineaux
écrivaine du matin
qui n’a rien à dire
compter les fourmis des mots
ma vie vaut-elle une lettre ?
Toutes ces fourmis ! Mouvement brownien… Envahiront-elles ma page ? Mes mots tournent en rond, inutiles à s’agiter comme un hamster sur sa roue.
Traces de jus de fruits sur la toile cirée. Regarder les insectes s’affairer. Qui coordonne leurs allées et venues ?
Elles ont même colonisé un demi citron qui traîne encore par là ; les moucherons — mis à la porte de leur monde coutumier — se sont réfugiés sur mon tube de vitamines, comprimés effervescents au goût… d’orange. Le savent-ils ?
Les fourmis colonisatrices de territoires. Suis-je du côté des volants ou des rampants ? Je suis deus ex machina, exterminatrice brevetée. Je peux me débarrasser facilement des deux espèces : la poubelle pour le citron moisi, un coup d’éponge sur la nappe.
Je ne possède qu’un pouvoir de destruction, pas de création… pas même de fiction, ô écrivaine ratée !
Lancer une alerte : « Sauvons le fourmis — et les moucherons — de la table-écritoire ! »
C’est à cela aussi que peut servir l’écriture. Alerter. Crier au feu, au fou… dénoncer les paroles insanes des crétins de la politique,
un lézard de paille
agrippé au bord du pot
sauvons les fourmis
(19 Octobre 2017)