Compter les fourmis

Publié le par Monique MERABET

Compter les fourmis

COMPTER LES FOURMIS

 

 

 

Compter les moineaux

écrivaine du matin

qui n’a rien à dire

compter les fourmis des mots

ma vie vaut-elle une lettre ?

 

Toutes ces fourmis ! Mouvement brownien… Envahiront-elles ma page ? Mes mots tournent en rond, inutiles à s’agiter comme un hamster sur sa roue.

Traces de jus de fruits sur la toile cirée. Regarder les insectes s’affairer. Qui coordonne leurs allées et venues ?

Elles ont même colonisé un demi citron qui traîne encore par là ; les moucherons — mis à la porte de leur monde coutumier — se sont réfugiés sur mon tube de vitamines, comprimés effervescents au goût… d’orange. Le savent-ils ?

Les fourmis colonisatrices de territoires. Suis-je du côté des volants ou des rampants ? Je suis deus ex machina, exterminatrice brevetée. Je peux me débarrasser facilement des deux espèces : la poubelle pour le citron moisi, un coup d’éponge sur la nappe.

Je ne possède qu’un pouvoir de destruction, pas de création… pas même de fiction, ô écrivaine ratée !

Lancer une alerte : « Sauvons le fourmis — et les moucherons — de la table-écritoire ! »

C’est à cela aussi que peut servir l’écriture. Alerter. Crier au feu, au fou… dénoncer les paroles insanes des crétins de la politique,

 

un lézard de paille

agrippé au bord du pot

sauvons les fourmis

 

(19 Octobre 2017)

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