Hier et aujourd'hui
HIER ET AUJOURD’HUI
Branche de jasmin
à cet oiseau de feuillage
mon regard se perd
Les oiseaux reviennent. Ils sautent du toit au câble, du câble à la mangeoire, dorés de soleil. J’ai essayé de photographier ces balles lumineuses qu’un invisible jongleur fait jaillir de l’azur. Prestidigitation. Ah ! je ne sais pas si une poignée de pixels rendront justice à leur grâce, leur lumière.
Le rouge du cardinal y sera, c’est sûr, je l’aurai fixé là, sur mon écran ; il était le premier à sauter.
Merveilles de chaque jour, louanges à chanter. Peu importe si je me répète, si tout se répète avec une incroyable infinité de nuances. Et encore… tu ne vois pas tout, me sifflote l’oiseau.
Je pense à Ryokan. Combien de fois a-t-il pris la peine de noter son bol, son bâton, le retour d’une saison, le rituel d’une promenade…
La poésie ne consiste pas à traiter un thème nouveau à chaque poème mais à décrire ce que nous inspire l’instant. Je me souviens de cette poétesse seychelloise qui prétendait (naïvement ?) avoir TOUT dit dans les pages d’un opuscule. Elle énumérait : « j’ai parlé de l’amour, de l’amitié, de l’enfance, de la vieillesse, de la mort. Que pourrais-je écrire d’autre ? »
C’est tant pis, c’est tant mieux si ma page d’aujourd’hui ressemble à celle de hier, à celle de demain, si ma lettre commence une fois de plus par les moineaux.
Les oiseaux sont les piliers du monde.
(5 Octobre 2017)