Le yaourt d Grand-mère
LE YAOURT DE GRAND-MÈRE
Patience
au soleil
l’oiseau attend
que le riz s’attiédisse
peut-être
Circonspects, les huit moineaux alignés sur le câble. Nou la pa zoizo la nèj (nous ne sommes pas des oiseaux du froid)
Je les salue, je leur raconte : j’ai nettoyé la mangeoire, tombée hier — cause d’un bond de chat ? — je viens d’y mettre du riz nouveau sorti du frigo…
Souvenir du yaourt de Grand-mère. Les années soixante. Ce laitage vient juste de prendre place dans les habitudes alimentaires des Réunionnais… ainsi que le réfrigérateur, pas longtemps auparavant. Le petit pot blanc, conservé au froid, avait la réputation d’être bon pour la santé… sinon au goût.
Gou mi koné pa goût inconnu
lo yaourt Granmèr dann tan le yaourt de Grand-mère
té i shof solèy réchauffé au soleil
Grand-mère refusait cette crème trop froide qu’on la forçait à ingurgiter — Mamère, ça va redonne à vous un peu de force — qui lui frédissait l’estomac. Aussi faisait-elle toujours défrédir son yaourt (ce gaourt au nom imprononçable) sur le rebord de la fenêtre où rôdait un rayon de soleil.
Chants du dimanche
d’emprunter mes souvenirs
les piafs ont le droit
(1er Octobre 2017)