Saveur de mangue
SAVEUR DE MANGUE
Flocons de nuages
la lune de jour
indiscernable
Conciliabule dans un coin de ciel. Puis, un à un, les nuages disparaissent, absorbés par l’azur comme par un buvard.
Plus rien d’inscrit au firmament que la lune ; elle seule pour me montrer la route à suivre. Elle se dresse à l’aplomb de l’avocatier — effet de perspective — ou de n’importe quel arbre du voisinage, l’araucaria du voisin, le pied mourong… toutes les verticales convergent vers le centre de la Terre. Oui, même par-dessus le manguier, la lune… le manguier si vieux qui ne portera guère de mangues cette année.
J’ai ramassé un fruit vert, gros comme on poing, gros comme mon cœur, dans l’herbe. Cadeau ultime d’une fructification avortée ? Cadeau dérisoire : sa chair fade ne finira pas en rougail (préférer la mangue carotte). La mangue José ne révèle sa saveur incomparable qu’après le mûrissement aux parfums de l’été.
Celle-là, je l’ai quand même utilisée, râpée avec des carottes. Je l’ai mêlée à ce billet un peu enchifrené, raplapla, sans vitamines.
Dans l’ombre du buis
corolle de plastique blanc
hier, l’oiseau mort
Saison sans mangue. La lune a fini par disparaître à son tour.
(11 Octobre 2017)