Ne compte pas les étoiles
NE COMPTE PAS LES ÉTOILES
Ne compte pas les étoiles
par-dessus le manguier
croissant de lune
Haïku redondant : étoiles + lune… ne pas charger la nuit.
Et puis, qui comprendra mon allusion à un proverbe créole ? « Marmay konte pa bann zétoil, pangar zot va guingne poro » (enfants, ne compter pas les étoiles ; sinon vous aurez des verrues)
Absurde corrélation entre les étoiles belles et bénéfiques et les verrues disgracieuses dont on a tant de mal à se débarrasser — on proposait d’ailleurs, autrefois, des traitements plus ou moins magiques, des remèdes de sorcières.
Comment l’expliquer cet adage saugrenu ? N’est-il qu’une pirouette due à la malice créole ?
Faut-il y voir une absurdité au second degré ? Pour montrer qu’il est illusoire de vouloir dénombrer les étoiles, on lui adjoint une conséquence inattendue : les verrues.
Ou encore une réminiscence de sirandane, évoquant une vague ressemblance, sublimant le terre-à-terre d’une main couverte de verrues en une image de ciel étoilé ?
Toujours est-il que mon haïku raté du début glisse vers :
Compter les étoiles
par-dessus le vieux manguier
la lune croissant
La lune qui a fait refleurir l’arbre vénérable… une fois de plus. Ne pas compter non plus les fleurs du manguier aussi nombreuses que grains de poussière. Se contenter de les voir scintiller au clair de lune.
Voilà qui est nettement plus réjouissant, plus positif. Lune de fin octobre en phase croissante. Les jours de notre printemps austral s’allongent encore…
Nouveau glissement vers le tanka.
Compter les étoiles
et les fleurs du vieux manguier
la lune croissant
les iris d’un jour d’octobre
épanouis plus longtemps
(26 Octobre 2017)