Souffler
SOUFFLER
Matin de dimanche
souffler sur le café chaud
l’arbre dissipé
selfie avec le moineau
rêve bu à sa santé
Souffler sur la figure qui se forme à la surface du café. Un autre dessin le remplace aussitôt : un paysage de brume, un tronc d’arbre… puis deux yeux, l’arbre-chouette.
Ma photo ratée. Le temps de prendre mon appareil, tout s’est dissous.
Photographier l’infiniment fugace pour mes haïkus ? Autant photographier ce Ouitt aigu du cardinal. Sera-t-il orange ? Rouge ? Mon paravent s’enorgueillit d’abriter les deux morphes cette année.
Billard des oiseaux autour de la mangeoire. Et mon regard trop lent à viser, appuyer… rêver de garder une image d’ailes déployées.
Tout à l’heure, il me dira : « Tu ne leur as pas donné les miettes de pain ? »
Bah ! Les oiseaux-pays ne mangent pas de pain. Assertion non avérée, tirée de ma subjectivité ? as même anthropomorphique, juste moniquomorphique… calquée sur mes habitudes alimentaires à moi.
À rapprocher de cette saynète jouée pour la fête de l’école — le Séchoir de Piton Saint-Leu, notre salle des fêtes, à l’époque.
« Mange ta soupe, Zinette », disait le père (moi)
« Tu perds ton temps ; ma fille tient de moi. Elle n’aimera jamais la soupe », rétorquait la mère du poupon en celluloïd capricieux.
Scène de soupe tournant au vinaigre. Du piment dans le potage… Mon café refroidi.
(5 Novembre 2017)