Pas de fourmi, pas de géant
PAS DE FOURMI PAS DE GÉANT
La fourmi
traverse mon haïbun
plus vite que les mots
Quoi que j’entreprenne, je vais toujours tipatipa, j’avance à pas de fourmi. Mais au fond, est-c si petit, un pas de fourmi ? La fourmi de la page est minuscule mais à l’aune de la grande vitesse de son parcours, ses pas sont plutôt de géant.
Pas de fourmi… Pas de géant : le jeu où chaque joueur demande « Grand-mère veux-tu ? Combien de pas ? ». Et la grand-mère, meneuse de jeu répond suivant sa fantaisie tant de pas de fourmi, tant de pas de géant…
Jeu dit pédagogique pour apprendre à l’enfant à respecter une consigne… soit ! Mais sa finalité a de quoi surprendre : le premier qui atteint le mur a gagné.
Jeu où la subjectivité de la « grand-mère » joue à plein puisqu’elle choisit de faire avancer tel enfant plus rapidement que tel autre (i fé proféranse) et même si tous les enfants avancent en même temps, ceux qui ont les plus grandes jambes arriveront les premiers… Il est vrai qu’on suggère aussi de bander les yeux de la grand-mère mais… la voix ?
N’est-ce pas plutôt un jeu de trompe-couillon, destiné à apprendre à respecter le pouvoir qui décide pour nous, le destin qui nous pousse différemment sur les chemins de la vie sociale : « La shanse ti kanar lé pa la shanse ti poulé » ?
Bon… je m’égare sur des chemins de subversion.
Revenons aux pas que je fais avec mes pieds et qui ne sont soumis à aucune grand-mère. L’important est de progresser, de laisser chaque soir la maison, le jardin en meilleur état que la veille, mieux rangée, débarrassée des herbes adventices — cool ! cool ! il n’y a pas de mauvaises herbes, je sais, mais certaines sont un tantinet envahissantes non ? — faire une liste des tâches à accomplir me suggère mon ange de ménage. Une liste… Seigneur !
Vaisselle du soir
jl reste trois poêles
vaisselle du matin
Qui veut jouer à « Pas de fourmis, pas de géants » avec moi ? On joue à qui perd gagne, bien sûr… je vais tipatipa.
(31 janvier 2018)